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Aérien et subtil comme de la dentelle

Les 20 ans du Centre de Musique baroque

Le troisième week-end des 20 ans du Centre de Musique Baroque de Versailles est consacré au règne de Louis XV. Mais, c'est dans la galerie des Batailles, salle totalement Louis-philipparde, qu'a débuté cette évocation d'un Versailles en dentelles, par un programme tout en ombres et lumières.

Le Trio Hantaï, accompagné d', a choisi de nous interpréter deux des Pièces de clavecin en concert de Rameau, un passage des Quatuors parisiens de Telemann et une œuvre moins connue, mais ô combien évocatrice de cette époque, de .

Un art de vivre dans une société savante dont la musique de Rameau est ici le reflet. Une société en dentelles mais curieuse et en quête de nouvelles possibilités sonores, et où Telemann, pour rendre hommage à Rameau, compose une musique fraîche, joyeuse et virtuose.

Et si Leclair « jouait comme un ange », en dehors de La Coulicam en tout début de concert, où les interprètes ont semblé chercher leurs marques, leur interprétation fut magique d'un bout à l'autre. Anges ou démons, ils se devaient d'être un peu des deux pour apprivoiser les lieux. La Galerie des Batailles n'est pas a priori le meilleur endroit pour ce type de musique, mais le talent des musiciens nous a très vite emportés dans les salons et les chambres d'un château de Versailles sous le règne du Bien-Aimé, éclairé à la bougie, où les filles du roi jouaient de la viole de Gambe et Mme de Pompadour chantait Vénus et Uranie dans Les Surprises de l'Amour.

Bonheur jubilatoire de concerter ensemble, talents individuels qui se détachent et se lient, quatre interprètes dont la personnalité et la complicité créent le rêve. Le jeu subtil, au son exquis, de la viole de gambe de , le velours du violon d'Amandine Bayer, à l'archet aérien, le timbre enivrant de la flûte de Marc Hantaï, au doigté lumineux et le clavecin virtuose, agile et d'une poésie sensible de nous ont fait découvrir toute la palette, toutes les nuances de ces œuvres délicates qui expriment un bonheur de vivre conscient de sa fugacité.

Nos quatre artistes nous ont offert une interprétation remarquable, tout en finesse, malheureusement une fois de plus interrompue par des sonneries de portables et par des spectateurs se levant, quittant la salle puis revenant avec une manifeste indifférence aux musiciens et à la musique.

Mais ce que l'on retiendra essentiellement et avant tout, c'est tout le charme et la magie de ce XVIIIe siècle, à l'image de l'ombre de Marc Hantaï et de sa flûte se découpant dans le marbre et évoquant quelque pastorale, un genre dont raffolait cette époque.

Crédit photographique : © Cmbv

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