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L’énigmatique cas Lucio Silla

Huitième opéra de Mozart, Lucio Silla (1772) est le fruit du succès de Mitridate (1770).

Issu d'une genèse délicate suite aux nombreuses défections des chanteurs, Lucio Silla présente de beaux moments, une belle caractérisation des passions et des caractères, mais l'œuvre peine à s'imposer dans son ensemble. Les préoccupations du jeune Mozart étaient alors autres que l'opéra séria historique.

La faible discographie de l'œuvre (5 enregistrements en tout) ne comporte pas de mauvaises versions, mais aucune d'entre-elles ne parvient à s'imposer définitivement. Harnoncourt (Teldec), Cambreling (Brilliant), Hager (Philips) comportent des lacunes du côté du chant ou de la direction. Ce présent coffret est la bande son d'un spectacle co-produit entre la Fenice de Venise et le Festival de Salzbourg qui fit l'inauguration du projet Mozart 22 de l'édition 2006 de la célèbre manifestation. Un DVD du spectacle, filmé au Manège des rochers de Salzbourg, fut édité chez DGG et Dynamic nous offre maintenant uniquement la version audio mais enregistrée quelques semaines auparavant à Venise avec la même distribution.

Coup d'épée dans l'eau pour un enregistrement pas honteux, mais pas franchement génial. Mené par le trentenaire et prometteur , la partition est conduite avec un certain entrain, mais le chef doit tenir compte de la verdeur rédhibitoire des timbres et des limites techniques de l'orchestre italien. Certains moments sont assez beaux, mais on s'ennuie quelque peu d'autant plus que la distribution ne nous tire pas vers le génie ! On connaît depuis toujours les carences de avec son timbre engorgé, dès lors la mezzo est très à l'étroit dans le rôle de Cecilio. se sort plutôt bien du très difficile personnage de Giunia, très engagée, elle peine quelque fois sur les aigus. Solide routier de la profession, , fait ce qu'il peut avec son timbre peu gracieux et nasillard, mais sa technique, assez assurée, lui permet de passer tous les pièges du rôle titre. Compétence et probité à défaut de génie, sont les maîtres mots des prestations de (Lucio Cinna) et Stefano Ferrari (Aufido). Seule (Celia) fait forte impression par sa voix lumineuse.

En conclusion, une version « mention bien », sans plus. En dépit d'une direction assez amorphe, on continuera à écouter l'enregistrement Philips ne serait-ce que pour l'éclat du chant.

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