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Marin Alsop inspirée par la Symphonie de « Son Monde »…

Orchestre Symphonique de Bournemouth

L'auditorium de Lyon accueillait en ce mercredi hivernal l'un des plus vieux et des tout meilleurs orchestres britanniques : le . Programme varié où le très demandé était convié pour interpréter le Concerto pour piano n°5 de Beethoven, avant que l'on n'assiste à la prestation majestueuse de la chef américaine dans une puissante Symphonie n°9 de Dvorak.

Mais en ouverture de concert, priorité à la musique contemporaine avec Stomp (with Fate and Elvira) de , compositeur écossais né en 1959. Rythmique complexe mais écriture néo-tonale pour cette brève pièce qui est une curieuse combinaison entre le Concerto pour piano n°21 de Mozart et la Symphonie n°4 de Tchaïkovski, jouée avec panache par les musiciens de l'orchestre, avec une bonne dose de virtuosité exigée de la part des trombonistes notamment.

Après cette entame énergique, au tour de de monter sur scène pour s'adonner à « l'Empereur » de Beethoven. Une interprétation propre, sans faille pour cet élève d'Alfred Brendel, mais un jeu sans doute trop prévisible, sans surprise, compensé cependant par de forts beaux moments de grâce dans les passages lents. Le piano Steinway sonnait étrangement métallique et était parfois complètement noyé par l'orchestre, trop grand et trop puissant. Un concerto bien dompté par , mais une vision insipide et sans relief. En bis, pour remercier un public visiblement enthousiaste, joua une rareté de Schubert, son Allegretto D915 composé peu avant sa mort en 1828.

Le meilleur du concert était à venir, avec la Symphonie « du nouveau monde » de Dvorak, une œuvre maîtrisée par cœur de bout en bout par la chef américaine, ici particulièrement inspirée, avec une compréhension très intelligente des multiples subtilités de la partition, avec une somptueuse mise en évidence des couleurs et des motifs. On a ainsi pu apprécier toute la qualité de l'Orchestre Symphonique de Bournemouth, dont on retiendra surtout la très belle finesse et la grande homogénéité des pupitres de cordes. On regrettera seulement le petit raté du cor anglais, à l'attaque du fameux thème du mouvement lent, dû apparemment à un petit souci de anche.

Un second bémol est aussi venu gâcher la qualité musicale de la soirée, mais cette fois les artistes n'y sont pour rien : le public d'une salle à moitié vide, particulièrement assoiffé d'applaudissements indisciplinés. Ce manque de chaleur humaine leur donnait-il froid aux mains ? Dieu sait ce qui les autorisait à systématiquement applaudir entre chaque mouvement du Beethoven comme du Dvorak, mais aussi après le bis de Paul Lewis, à qui ils n'ont même pas donné la chance de retirer les mains du clavier. Refusant à certains la magie émotionnelle de ce petit silence post-musical, on peut tout à fait émettre des doutes quant à leur sensibilité esthétique…

Les artistes de ce soir n'en furent toutefois pas vraiment choqués et n'ont pas hésité à jouer une danse slave de Dvorak en guise de bis, avant que n'apporte son petit american touch en débridant son orchestre avec une pièce très jazzy, venant conclure une soirée somme toute plutôt bien réussie.

Crédit photographique : Marin Alsop © Simon Fowler

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