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Du Spirituel dans l’art

Autour de

Outre la chance d'écouter du « Boulez par Boulez », ce concert permettait d'entendre différemment l'Art de la fugue à travers les visions de trois compositeurs, chacune des instrumentations renvoyant à la formation d'une œuvre de Boulez jouée dans la soirée.

La transcription de Georges Benjamin fut essentiellement portée par les cors qui ont su, à l'instar des cordes, trouver leur place et donner du sens à cette vision relativement « classique » de l'œuvre. L'instrumentation de la deuxième pièce de Boulez permettait à plus d'originalité. Cependant, le parti pris du jeu sur les résonances n'était pas convaincant. L'interprétation de chacun était juste, avec de très beaux moments pianistiques, un jeu dynamique et un beau son pour les cordes mais l'ensemble ne prenait pas corps, restait très hétérogène, altérant les intentions de chacun. L'ensemble de violoncelles constituait un effectif tout à fait adapté au répertoire mais la prestation des violoncellistes laissait à désirer ; les sons de chacun et même la justesse n'étaient réellement pas au rendez-vous, ce qui nous rendait difficilement appréciable la vision de Bach que avait à nous offrir. En définitive, une rencontre Bach/Boulez intéressante malgré une mise en valeur assez inégale.

Chacune des trois transcriptions était suivie d'une pièce de Boulez. Mémorial permettait d'apprécier la très belle et délicate prestation du flûtiste Vincent Prats et Dérive 1 était irréprochable tant d'un point de vue technique qu'esthétique mais Messagesquisses pour ensemble de violoncelles et violoncelle solo reste de loin la plus réussie du « trio ». Un instant de magie qui faisait oublier les quelques dérapages de première partie grâce au jeu aussi bien enflammé que poétique d'Eric Picard.

La deuxième partie de concert était, elle, tout simplement parfaite…. explosante-fixe… était interprétée par l' dirigé par Boulez. Le jeu de la flûtiste soliste était irréprochable, la partie électronique impeccable et l'ensemble maintenant une tension pendant toute l'œuvre qui empêchait l'auditeur de décrocher un seul instant. On en ressortait tous ensorcelés, convaincus du « spirituel dans l'art ».

Crédit photographie : © Clive Barda/DGG

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