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Best of Neujahrskonzert

Le célèbre concert donné chaque 1er janvier à 11h par l' retransmis en mondovision dans tout l'univers, donne lieu, chaque année, à la publication de sa bande son en CD, et depuis quelques années le DVD s'est joint à la fête. Ainsi tout possesseur d'un téléviseur a du, au moins une fois dans sa vie, voir tout ou partie d'un de ces concerts, dont DG nous propose ici une sélection prise entre 1989 et 2007, à l'exception notable de la Valse de l'Empereur filmée en 1975 et dirigée du violon par Willi Boskovsky, alors premier violon de Philharmonique, et qui assura sans interruption les Neujharskonzert de 1955 à 1979, date de sa mort. Après lui, , alors directeur de l'Opéra de Vienne, prit la relève de 1980 à 1986, et à partir de 1987, un ère d'alternance s'ouvrit, avec, en 1987 l'unique prestation de , auquel succéda (2 concerts), (2 concerts), (4 concerts), (4 concerts), (2 concerts), et (1 concert). Le 1ier janvier 2008, c'est qui officiera. Le lecteur attentif aura remarqué que d'après cet inventaire à la Prévert, Karajan, Abbado et Harnoncourt manquent à l'appel dans la présente sélection DG. Qu'il nous soit permis de penser, qu'à part le premier, dont le DVD publié par Sony est peut peut-être encore trouvable, il n'y a rien à regretter, mais DG fournira peut-être aux admirateurs des deux autres chefs absents, l'occasion de les retrouver dans un Best Of « le retour ».

Notons que les extraits fournis ici sont strictement identiques aux retransmissions télévisées et aux précédentes publications vidéo, y compris les fameuses scènes de ballets (6 titres) ou scènes d'extérieurs (2 titres). Certains aiment, d'autres préféreraient voir le chef et l'orchestre à l'œuvre, mais c'est aussi une tradition que d'agrémenter le concert d'images externes au Musikverein. Toutefois ce jeu a fait deux victimes de marque, totalement invisible, doublé pendant l'intégralité de sa prestation par une séquence prise à l'école équestre espagnole, célèbre institution viennoise également, et Ricardo Muti visible uniquement pendant les 30 premières secondes de la valse Accélérations. Quand à Maris Jansons, il l'a échappé de peu, une des ses deux prestations ayant subi le même black-out qu'Ozawa. Heureusement, il reste Voix de Printemps pour le voir diriger.

Hormis le côté festif consistant à assister ainsi à un concert du nouvel an fictif mais avec une grande partie de « tubes » de premiers choix, à notre goût 11 sur les 17 proposés, ce qui constitue une proportion nettement plus avantageuse que lors des concerts habituels (le concert Karajan étant une exception, le chef autrichien n'ayant choisi que le meilleur), l'intérêt plus malicieux est de faire défiler les chefs et de comparer leur style, et leur réussite, confronté au même répertoire. Il faut bien reconnaître qu'à ce jeu est le plus passionnant. La façon dont l'orchestre réagi comme un seul homme au moindre de ses gestes, dont ainsi aucun n'est superflu, est assez impressionnante. D'autant que sa direction, d'une grande lisibilité, est toute en souplesse, contraste, changement de rythme, respiration, rubato et impulsion fulgurante, bref, rien du facile 1-2-3 métronomique que certains impriment à ces valses et polka viennoises. A côté d'un Maazel ou d'un Mehta un peu raide, ça tient de la sorcellerie. Certains pourront trouver, pas forcément à tord, que c'est parfois un peu « too much » (par exemple Sous le tonnerre et les éclairs est franchement précipité, avec de surprenants accents french cancan). Mais ça reste une « performance » unique, très marquée par la personnalité de ce chef. C'est d'ailleurs lui qui revient le plus souvent puisqu'il dirige six opus, dont l'ouverture du concert (La Chauve-Souris) et sa traditionnelle clôture (Marche de Radetzky). Jansons et, à degré moindre Ozawa (car la polka Elisen n'est pas très démonstrative) sont sans doute les plus symphonistes du lot, ceux qui font le mieux chanter l'orchestre, classiquement mais remarquablement. Muti manque de subtilité dans une Accélérations qu'il joue avec une virilité un tantinet macho, et Maazel s'avère bien plus à l'aise dans les opus vifs que lorsqu'il faut respirer en souplesse sur un tempo modéré, où il s'avère un peu trop carré et lourd (son Le Beau Danube bleu est sans doute le moins « Best of » de ce DVD, il y en avait sûrement de meilleurs à mettre à la place). Quant à Mehta, il ne démérite pas (se rapproche de Maazel en moins carré), mais ne passionne pas vraiment non plus. Reste Willi Boskovsky, ou plutôt l'orchestre jouant en « automatique » comme les chefs des années 40-50, les Kraus, Walter, Furtwängler, lui avaient appris. Etait-ce là le style typiquement viennois ? Peut-être bien …

Alors pour ceux qui n'auraient pas déjà les concerts de Karajan, Kleiber et Jansons, pour nous les plus recommandables (chronologiquement), cette sélection pourra malgré tout remplacer avantageusement les autres éditions. Attention, contrairement à l'indication de la jaquette, l'image des concerts est en 4/3, les plus récents, effectivement diffusés en 16/9 par la télévision autrichienne, étant ici reproduits avec des bandes noires horizontales. Seuls les extraits du catalogue sont en 16/9 (on ne voit pas bien l'intérêt, mais bon …).

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