- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Un Chopin tonifié par Berezovsky

Il est des œuvres qui ne se résument pas tant elles inspirent. Les deux concertos pour piano de appartiennent à cette rare catégorie d'où sourdent immanquablement une veine lyrique inépuisable et luxuriante, une sensualité à fleur de peau, une rêverie débridée prête à se fracasser sur le réel. Leur pouvoir de fascination sur les musiciens autant que sur le public, au fil des décennies, demeure intact tant au concert qu'au disque. D'où, sans aucun doute les innombrables programmations et enregistrements qu'elles continuent de susciter. Inutile de revisiter la discographie abondante et riche de splendides révélations. Fêtons plutôt un nouveau venu en la personne du pianiste russe . Ces dernières années son jeu s'est sans aucun doute affiné si l'on se souvient d'une certaine rudesse initiale, mais sans perdre pour autant son agilité, sa vélocité et sa maîtrise. Ses options interprétatives donnent naissance à une lecture d'une grande beauté, pas forcément des plus romantiques certes mais non dénuée de poésie et bien sûr de beauté intrinsèque. Pour le soutenir, assez discrètement d'ailleurs, mais n'est-ce pas là un trait inhérent à ces deux concertos, l' dirigé par (qui préside à sa destinée depuis 1998 jusqu'à cette année 2008) remplit adéquatement son rôle d'accompagnateur discret mais fort efficient. L'Allegro maestoso, premier mouvement du Concerto en mi mineur (1830), trouve des défenseurs énergiques et brillants ; ils officient également avec verve et entrain dans l'Allegro vivace final du Second Concerto en la mineur (1830 également). Les mouvements lents (Romance : Larghetto du I et Larghetto du II) n'affichent que subtilité et délicatesse, ils évitent le menaçant épanchement larmoyant trop facilement adopté par certains interprètes. Au total une lecture stimulante et hautement recommandable pour qui cherche à la fois un témoignage viril contrôlé et une pudeur admirablement dosée.

(Visited 427 times, 1 visits today)