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Ariodante au festival de Spoleto

Encore un joli spectacle que cet Ariodante de Haendel, capté dans le cadre du tout petit Teatro Caio Melisso à l'occasion du cinquantième anniversaire du festival de Spoleto.

L'ouvrage, un des plus réussis de notre « caro sassone », ne contient pour ainsi dire aucun temps mort, et se prête idéalement, de ce fait, à la mise en scène. Les choix dramatiques de John Pascœ privilégient ainsi non seulement le travail sur l'affect et sur l'émotion, mais aussi tout ce qui touche à l'apparence et à la vérité des personnages. C'est ainsi que deux galeries de miroirs, disposées de part en part d'un escalier central, proposent un perpétuel dédoublement – ou triplement… – de l'action atténué ou accentué par les éclairages de Miranda Hardy, tout en donnant l'illusion d'élargir l'espace scénique. La transposition opérée dans la Grande-Bretagne des années 1950, à une époque où la monarchie britannique brillait encore par son chic et par son « glamour », fonctionne sans la moindre difficulté. Certains reconnaîtront sous les traits et sous les costumes de Ginevra la figure de la toute jeune princesse Margaret d'alors, elle aussi contrainte par son entourage dans ses choix matrimoniaux… Le fil conducteur du spectacle est donné par ce médaillon censé représenter l'ordre de la Jarretière, et dont la devise, « Honni soit qui mal y pense », est thématiquement liée à la trame d'un opéra mettant finalement en scène tous les déboires de la réputation bafouée, et finalement retrouvée.

À la tête de son Complesso Barocco, fait preuve de sa mollesse habituelle, même s'il dirige la partition avec le soin scrupuleux qu'on lui connaît. L'équipe de chanteurs réunie pour l'occasion est dans l'ensemble homogène, et mise à part la merveilleuse dans le rôle d'Ariodante, personne ne se détache véritablement. Saluons néanmoins le timbre trouble de dans l'infâme Polinesso, la belle voix de basse de en roi d'Ecosse, ainsi que les deux sopranos Laura Cherici et Marta Vandoni Iorio, qui s'acquittent honorablement des parties de Ginevra et de Dalinda. Doté d'une belle prestance et d'une technique adéquate à la vocalité baroque, Zachary Stains déçoit néanmoins par le timbre ingrat de sa voix de ténor.

Pour quiconque ne connaîtrait pas ce merveilleux opéra haendélien, ce DVD constituera une excellente entrée en matière.

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