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Rires jaunes au Bal masqué…

Annoncée avec Rolando Villazon et dans une mise en scène de Willy Decker, cette production du Bal masqué de Verdi, dut se remettre des forfaits des deux principaux et médiatiques protagonistes !

Pour éviter toute annulation, l'opéra néerlandais a loué, à celui de Francfort, une récente production (2005) de cette œuvre réglée par le très actif et souvent inspiré Klaus Guth.

Mais, avant d'évoquer cette scénographie, il faut saluer bien bas, la direction du grand . A la tête d'une philharmonie de Rotterdam souple et tactile, le maestro impose un Verdi de démonstration. C'est idéal de finesse et de tension dramatique. Le chef, sans couvrir les chanteurs et en les accompagnant avec passion, impose un rythme et une respiration naturels.

La mise en scène déplace l'action dans le monde politique moderne. Riccardo devient un candidat en campagne renfermé dans son imposant siège moderne et glacial. Ce décor faussement ergonomique et froidement efficace, cache mal des fins de mois difficiles car certaines salles sont, soit pas terminées, soit victimes d'effondrement. Cela étant, l'idée est intéressante et fragilise un peu plus le personnage central. Le petit gabarit de Giorgio Casciarri, peine à s'imposer face à un entourage d'armoires à glaces et à côté d'une amante sculpturale. Curieusement ce petit homme monté sur des chaussures à talonnettes évoque spontanément un autre personnage public célèbre…Las, Riccardo semble perdre le contrôle de sa vie publique et privée dans ce monde faux avec son armada de lobbyistes pressés faisant antichambre où à travers la maison très Ikea de Renato ! La caractérisation des personnages est, comme souvent avec Guth, très poussée : ainsi Oscar n'est plus un page naïf, mais une assistante compétence, dévouée et un peu fofolle. Un grand soin est accordé aux détails comme la bouteille de Whisky à demie vide de Riccardo que cache judicieusement Oscar lors de l'arrivée de Renato ou ce couple qui continue imperturbablement à danser alors de le héros est assassiné…Visiblement réglée par le biais d'une assistante (Klaus Guth étant très occupé par ses nouvelles productions !), la direction d'acteur pêche par un certain manque d'entrain et de précision. Ne boudons pas notre plaisir car ce spectacle est incontestablement un grand moment dramaturgique.

La distribution pouvait faire valoir sa solidité et sa probité à défaut d'irradier les tympans de merveilles vocales. Présent pour les deux dernières représentations, le valeureux Giorgio Casciarri, est un chanteur compétent et passe partout, mais sa voix est assez neutre et manque de couleurs. Souvent distribué dans les rôles verdiens, l'imposant livre une prestation musicale, mais le timbre est un peu trop rugueux. Formée à l'école russe, Tatjana Serjan possède assurément des moyens vocaux impressionnants, mais rien n'est domestiqué, sans compter une prononciation incompréhensible. Mais, assez charismatique scéniquement, la chanteuse parvient presque à faire oublier ces redoutables carences. , limitée à une femme de ménage, est une Ulrica surdimensionnée. Seule, , inattendue dans ce répertoire, étonne positivement en Oscar. Bien rodé, le chœur du Nederlandse Opera est puissant et précis.

Crédit photographique : © Monika Rittershaus

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