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Le Bizet de Minkowski : la déception

Quelques précisions pour commencer. On nous propose un programme de comportant le Prélude et les trois Entractes de Carmen (1875) d'une part, et, d'autre part, et dans cet ordre, la Suite d'orchestre n° 1 (1872), une sélection de neuf numéros de la musique de scène (1872) et enfin de la Suite n° 2 (1879) dans l'orchestration d'Ernest Guiraud. Il s'agit là de la musique de L'Arlésienne.

A priori un choix susceptible d'apporter le rythme, la couleur et une multiple variété d'atmosphères si souvent entendues et appréciées. Malheureusement la prestation de et de ses Musiciens du Louvre-Grenoble déçoit. Dès l'écoute première et encore après la réécoute, il semble bien que cette lecture échoue à satisfaire notre contentement, notre exigence même face à ces pages si typiquement françaises, brillantes, gorgées de soleil, de sensualité et de débridement. Minkowski et son excellente phalange optent – sans doute bien involontairement… encore que… – en faveur d'un jeu manquant de souplesse, de ductilité, d'opulence et de volupté. Les plaisirs épicuriens, la chaleur du temps et la gourmandise des sens se voient réduits à la portion congrue. Cette rigidité, cette rigueur obèrent dommageablement les attentes mises en branle dès lors que l'on approche de ce répertoire si fréquenté.
Tous les ingrédients se trouvent à disposition mais le lien magique tarde à se manifester et généralement aura fait faux bond quand s'évanouira la dernière note.

Un très fort livret, richement illustré, principalement de reproductions de tableaux de Vincent van Gogh est de plus constitué de textes explicatifs passionnants en ce qui concerne les choix opérés finalement à partir des diverses sources et options possibles.

Que de regrets donc ! L'absence de subtilité, le jeu caricatural et la sécheresse instrumentale conduisent à notre déception. Et nous invitons à revenir aux innombrables versions antérieures sources de joie immédiate, à savoir pour n'en citer que très peu, à Roger Désormière (Supraphon), Christopher Hogwood (Arte Nova), Claudio Abbado (DG) et même, à prix sacrifié, Anthony Bramall (Naxos).

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