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Pierre Boulez in memoriam Claude Pompidou

Festival

C'est dans l'Espace de projection de l' qu'elle avait inauguré elle-même que tenait à rendre hommage à Madame Claude Pompidou décédée il y a tout juste un an, le 7 juillet 2007. Et c'est dans cet endroit « empreint de sa présence, nous rappelant sa passion pour l'art et la musique de notre temps » précise le compositeur qu' interprétait le Dialogue de l'ombre double, la pièce pour clarinette et bande de qui l'a accompagnée lors de la cérémonie de ses obsèques en l'église Saint-Louis-en-l'île.

Etant donnée la faible jauge de la salle pour une soirée inscrite à l'affiche du Festival , les invités et la presse étaient conviés à un avant concert à 18 heures éliminant du programme les créations récentes des deux jeunes compositeurs issus du Cursus de l'. Pour débuter cet hommage, les solistes de l' sous la direction de jouaient son Mémoriale, sorte d'épure boulézienne à fleur d'émotion écrite à la mémoire du flûtiste de l'Ensemble Laurence Beauregard disparu en 1985. Boulez associe à la partie de flûte d'Explosante-fixe – dont il prévoyait à l'époque l'extension électronique de la deuxième version, six cordes et deux cors dont les sonorités en retrait – sourdines de plomb sur les chevalets – donnent à la ligne soliste ornementale son aura poétique comme par diffraction.

Les trois pièces suivantes assistées par l'électronique sollicitaient les qualités de l'acoustique modulable de l'Espace de projection dont les performances technologiques en font le lieu idéal de la diffusion. Informaticiens et interprètes furent ce soir en parfaite synchronie pour nous faire entendre, de d'abord, une pièce qui a déjà vingt ans, jouée sur piano midi par Sébastien Vichard. Toccata et Antiphonie de Pluton développant la notion d'interactivité entre l'instrument et la machine impressionne par ses phénomènes de démultiplication dans l'espace qui restent malgré tout de l'ordre du défi électronique. Richiamo d', une pièce de 1994 inscrite aujourd'hui au répertoire de l'Ensemble, privilégie, au détriment de la forme peut-être, une riche palette de couleurs et de résonances (cloches, gongs…) reprises en « écho » par l'électronique qui propage leurs trajectoires sonores dans l'espace. Dialogue de l'ombre double – désormais associée à la virtuosité incomparable du clarinettiste – que Pierre Boulez avait choisi comme l'œuvre « in memoriam » est une conversation intérieure entre l'artiste et la machine qui semble ici se mettre au service du rêve et de l'imaginaire pour en prolonger les ondes fantasques. L'alternance des séquences de la clarinette, éclairée et immobile et de celles du « double », mobile et invisible (préenregistrées par le même interprète) en rend l'écoute toujours plus captivante au concert.

Crédit photographique : ©SWR/Harald Hoffmann/Deutsche Grammophon

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