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Avec Christophe Rousset c’est Versailles à Saint-Guilhem !

9èmes rencontres musicales de Saint-Guilhem-le-Désert

possède une culture impressionnante, sa parfaite connaissance du style versaillais s'appuie sur une pratique régulière de ce répertoire avec ou seul au clavecin. La perfection de son jeu au clavecin ne fait mystère pour personne, que ce soit comme soliste ou en musique d'ensemble. Une nouvelle qualité semble apparaître c'est la modestie et la délicatesse d'un accompagnement d'une grande rigueur et d'une souplesse agréable. Assis au clavecin sans diriger ostensiblement il a, avec trois musiciens des Talens Lyriques, offert une extraordinaire étude de l'histoire de la musique française à Versailles de Louis XIII à Louis XVI avec un programme audacieux intitulé : Cantates françaises et confessions des cœurs.

Le programme permettait de comprendre comment partant de l'air de cour de Louis XIII l'art vocal a évolué vers la tragédie lyrique en passant par la cantate et comment le violon a supplanté la viole.

Les airs de cours de sont d'une intense beauté et interprétés à la perfection par ont d'emblée mis la barre très haut. La perfection de la diction de cette jeune soprano, son sourire, son engagement font ici merveille. L'art vocal est à un sommet rarement atteint, le timbre est très agréable ; le charme qui se dégage d'une telle interprétation ne peut que ravir la cour la plus exigeante. Le soutien apporté par au clavecin, Stéphanie Paulet au violon et Atsushi Sakaï au quintus (étrange violon à cinq cordes tenu sur les genoux) est tout simplement royal.

La sonate à la marésienne pour violon et basse continue est d'une rareté absolue. Ainsi donc, le maître incontesté de la viole a écrit pour le violon ! Force est de constater que cette sonate, au demeurant superbe musicalement, sent l'effort. L'écriture pour la viole et le violon sont deux choses différentes et le brillant attendu d'un violon virtuose est absent de cette œuvre. C'est au contraire le violoncelle, surtout sous les doigts virtuoses d'Atsushi Sakaï qui s'est imposé. La sonorité un peu sèche et l'allure un peu retenue de Stéphanie Paulet trahissent probablement la difficulté de la partition et l'écriture peu violonistique de . Reste la découverte d'une œuvre très intéressante, charnière entre deux mondes, l'ancien amoureux de la viole et le nouveau séduit par le violon. La cantate le dépit généreux de Monteclair permet de retrouver la très charmante qui avec beaucoup de punch nous entraîna vers les affres de la passion jalouse et dévorante mais toujours avec une classe vocale hors du commun tant sa virtuosité typiquement française semble facile. Du très grand art !

La sonate pour violon seul et basse continue de Leclair montre comment en quelques années le violon a gagné le cœur du public et des musiciens. Leclair était un violoniste virtuose et sa sonate le démontre facilement. De son contact avec le grand Locatelli il a retenu les audaces des doubles cordes et même des triples accords…. Avec un goût prononcé pour la rapidité dans le final, bien français car il comporte une chaconne, que l'on pourrait qualifier d'endiablée, si justement le jeu de Leclair n'avait été taxé d'angélique face à celui diabolique de Locatelli ! Stéphanie Paulet s'y montre plus à l'aise et domine techniquement la partition mais sa sonorité reste sèche et son jeu un peu raide.

La dernière cantate est une œuvre de Rameau. Il s'agit d'un petit opéra même si le texte est très médiocre. La perfection de l'interprétation de la soprano avec le soutien absolu de et des cordes entraîne l'enthousiasme du public qui obtient des bis. Le premier est un air extrait d'une tragédie lyrique très rare de Campra : le ballet des muses. L'implication vocale de monte d'un cran comme on pouvait s'y attendre. Le deuxième bis est une reprise du ravissant vos mépris chaque jour de Lambert qui après l'incursion dans la tragédie lyrique gagne en profondeur et en liberté et fait encore une plus grande impression qu'en début de concert.

La finesse et la délicatesse versaillaise ont trouvé à St-Guilhem un écrin tout à fait remarquable dans la magnifique Abbaye de Gellone.

Crédit photographique : photo © DR

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