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Promenade musicale avec Blanche Selva : un doux parfum d’antan…

Une aiguille sur un microsillon, quelques craquements, un enregistrement en mono, voilà de quoi attirer les plus nostalgiques d'entre nous. Surtout quand le CD proposé offre un programme très début de siècle (XXe, évidemment) autour d'une figure imposante du piano de l'époque : , virtuose et pédagogue reconnue qui offre ici une interprétation raffinée de la Sonate pour piano et violon de , avec le violoniste Joan Massiá, lui-même très inspiré. Un duo de rêve pour un répertoire envoûtant. Et l'on retrouve le jeu perlé de dans Sardana extrait de la Sonate en do mineur de Juli Garreta. L'interprète fait montre ici d'une dextérité et d'une aisance indéniables alliées à une réelle sensibilité. Chaque note est pensée, pesée, posée avec intelligence, transcendant le texte. Il en va de même d'ailleurs pour la plupart des pianistes qui figurent dans ce CD, à l'instar d'Yvonne Léfébure, magistrale de précision dans Variations, interlude et Finale de .

Il faut dire que est entourée ici de figures prestigieuses du monde pianistique. Car outre les deux œuvres citées où l'on peut s'attarder sur son interprétation précise et sensible, il faut en mentionner d'autres dont elle est la dédicataire. Ainsi interprète ici lui–même le Départ matinal extrait de ses Tableaux de Voyage qu'il dédia à la virtuose. Il joue également ses Danses rythmiques extrait du Poème des Montagnes. De même, elle fut la dédicataire du 2e cahier d'Ibéria d'Albéniz dont Moritz Rosenthal offre ici une version enlevée du célèbre Triana qui appartenait également au répertoire de la pianiste.

Car il faut dire que Blanche Selva inscrivait des compositeurs contemporains régulièrement dans ses programmes, rendant ainsi hommage aux œuvres de son temps comme celles de , , , , , , … pour ne citer que quelques artistes présents dans cet enregistrement. A noter d'ailleurs la Barcarolle n°13 de Fauré, magnifiquement servie ici par Babeth Leonet, dont le jeu régulier, perlé, inspiré lui valu le 1er Prix du concours international Fauré-Long-Thibault en 1939. Cette même interprète joue aussi la «berceuse» extraite de Dolly avec Anita Siegel. Ces deux œuvres de Fauré figuraient également au répertoire de Blanche Selva, mais elle ne les a pas enregistrées.

Au total, un très beau CD que l'on peut acquérir sur le site de l'association Blanche Selva qu'il faut remercier chaleureusement pour sa courageuse entreprise. L'aspect historique et vivant des œuvres gravées ici ne peut qu'interpeler les amateurs de piano : un superbe témoignage qui sent bon le doux parfum d'antan …

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