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Auront-ils sauvé le soldat OLRAP ?

OLRAP

L'audience au TGI était fixée au 28 octobre, et l'on ne saurait affirmer que la soirée du 16 ait été déterminante. Et pourtant si jamais démonstration de sympathie et d'estime devait être spectaculaire, c'était bien ce soir-là …

Sur la scène, 280 musiciens venus de 27 orchestres français, 3 chefs qui se sont passé successivement le relais de la baguette (Jun Maerkl, Maxime Venguerov), presque 20 solistes instrumentistes et chanteurs, tous bénévoles, 4h30 de concert, 1100 personnes dans la salle, plusieurs centaines à l'extérieur (sur la place et aux terrasses des restaurants où il faisait si doux) qui ont suivi la soirée par des enceintes placées en façade, divers artistes d'Avignon venus prêter voix-forte, ainsi que les autres personnels de l'opéra (Eric Belaud chef du ballet et Aurore Marchand chef du chœur, mais aussi des représentants des choristes, des techniciens… ) : la soirée était à la fois impressionnante et émouvante. Même Wagner, a plaisanté le présentateur François Castang, n'avait jamais entendu l'ouverture de ses Maîtres Chanteurs jouée par une telle formation ! A une heure du matin, on en était, debout, au n-ième rappel… alors que certains musiciens venus de loin devaient reprendre le travail chez eux le jour même, et auraient dû attraper un train vers minuit. Les exigences supérieures du spectacle…

De l'aspect artistique, que dire ? Que chacun ait donné tout son talent et tout son enthousiasme, c'était bien le moins… Chacun avec son tempérament, a joué les humoristes, le comédien Serge Barbuscia a tonitrué un texte de Victor Hugo d'une étrange actualité, a été excellent, le «Boléro» final a pris l'allure d'une Internationale de la musique… , tout en soulignant la gravité de la situation, a invité chacun à vivre dans l'allégresse ce moment festif de partage ; mais l'émotion était perceptible à chaque instant, les flashes crépitaient sans cesse – oui, c'était vraiment de l'exceptionnel -, et les spectateurs – certains venus spécialement de l'étranger – se sentaient comme en équilibre sur un fil.

Les musiciens de l'Olrap avaient déjà vécu une situation comparable, une fin d'après-midi mémorable, le dimanche 20 novembre 1994, où plus de 200 musiciens emplissaient déjà la scène de l'Opéra d'Avignon. Rien n'a changé, disent-ils  : malgré quelques palliatifs, les problèmes sont identiques et les solutions également. Seule différence notable : la situation actuelle se trouve placée dans un cadre judiciaire avec des délais imposés très brefs.

Et aujourd'hui ? Si le concert du 16 octobre n'a sans doute pas été déterminant, il a du moins conforté les musiciens dans la légitimité de leur combat, pour que les structures artistiques et culturelles, celle-ci et d'autres, puissent continuer à vivre. Quant à l'audience au Tribunal de Grande Instance d'Avignon, ce 28 octobre, elle a décidé… un sursis de 6 mois. Rémission mais pas guérison. On en reparlera donc…

Crédit photographique : © Geneviève Allène-Dewulf

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