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Idomeneo, du très bon, du bon, du moins bon…

Les protagonistes de ces aventures héroïques, qui nous sont projetées comme en gros cinémascope sur l'immense scène du War Memorial Opera House, évoluent tous dans un monde de carton-pâte (ce lieu mythique de tous les dangers). 

Un monde admirablement colorié par , superbement embelli par ces rouges, bleus et ors ensoleillés de ces costumes XVIIIe si agréables à l'œil (Michael Stennett), mais régenté par de méchants -et de moins méchants- dieux, souvent coléreux et rancuniers.

Leurs drames n'en sont pas moins émouvants et humains, leurs passions, violentes et absolues…. et la mise en situation de , qui travaille sur le suspense et le psychologisme de l'œuvre, s'efforce à caractériser, puis à privilégier, elle aussi, … les sentiments et l'humain. La production n'est pas nouvelle… nous l'avons vue ici même en 1999 (Winbergh, Bonney, Kasarova, Vaness /Runnicles). Elle tient le temps. Elle n'a pas pris une seule ride… et sent bon le frais. Mise en scène, décors, costumes, éclairages, composent alors un très solide récit dans lequel s'expriment, sans fausse honte, aucune, toute la spontanéité, toute la fougue, toute l'élégance, toute la flamboyance de l'opera seria.

La jeune , en première locale, et dont l'Ilia fait instantanément mouche, possède un style (gracieux, raffiné, soucieux du détail), un ton (juste et pertinent), une voix (fraîche et naturelle, au timbre lumineux)…. superbe découverte ! , qui chante elle aussi pour la première fois in loco, valorise le sentimentalisme, les nostalgies et solitudes (son «Idol mio» crée l'événement) d'Elletra (qui, surprise!, habite dans le coin depuis la mort de maman) mais ignore totalement les fureurs, les désarrois et autres

orages du rôle. La voix, belle et lyrique, manque, hélas, d'un certain abattage et déssert le personnage. , alitée, sera ce soir remplacée au pied levé par la jeune et talentueuse (Idamante), convenable, mais vocalement si peu convaincante. L'Idomeneo de n'est plus à dire. Il le fréquente assidûment (Madrid, Vienne… ). Le personnage est cerné, sa psychologie creusée jusqu'à l'os. Mais Streit (méforme vocale ?) sonne ici laborieux, métronomique, si peu à l'aise dans la virtuosité du «Fuor del mar». Grosse déception. L'Arbace d', sait évoquer, lui, dramatiquement, vocalement, toute la «prudence» du rôle. Le chœur, d'excellente pointure, si bien engagé, si bien huilé, traversé d'émotions vraies, assume l'héroïsme de l'œuvre, le sous-tende d'une tendresse irrésistible. Au pupitre, se réfugie (?) dans le tonitruant et l'emphatique (la nervosité de l'orchestre frise la brutalité), s'y perd, s'y noie.

Crédit photographique : (Ilia) © Terrence McCarthy

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