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Jean Gilles: Une pulsation incantatoire

et son ensemble , ont en 2007 recréé en version de concert, le Requiem de bien connu des mélomanes et dont il existe de très nombreuses versions discographiques. La nouveauté vient ici du choix artistique de revenir à la version la plus proche de la composition et de l'orchestration du compositeur lui-même.

L'histoire de ce Requiem et ses anecdotes ne sont pas inconnues et en particulier le fait que ses commanditaires se rétractant, décida de conserver pour son usage cette messe, qui peu de temps après devint son propre office des morts. Cela ne fera donc pas l'objet de cet article.

Car le plus intéressant dans ce CD, c'est bien sa magnifique perception et réalisation musicale.

Dès les premières mesures, cette marche glorieuse et confiante vers la mort, est superbement rendues par les cordes de l'ensemble, que viendront ensuite souligner toutes les parties. Le travail de pour nous rendre l'œuvre dans toute sa plénitude semble ici nous démontrer que la reconstitution historique n'est pas un travail d'archives, mais trouve sa justification dans l'interprétation d'une œuvre surprenante par l'énergie qui en émane ainsi, et renouvelle son écoute.

L'ensemble instrumental dont un serpent au son sombre et souple, est au service du texte et des voix. Soulignant les articulations de la prosodie avec une délicatesse et un équilibre, qui permettent au chœur et aux solistes de nous faire percevoir la tragédie de la mort devenant lumière. Le texte, le drame, chanté en latin francisé, nous devient profondément intime. Toutes les voix solistes sont bouleversantes. L'expressivité de ce quatuor est véritablement splendide : doloriste et lumineuse chez Vincent Lièvre-Picart, sereine chez , claire et rayonnante chez , éloquente et sombre chez .

Lorsque la mort survient, elle devient ainsi, une amie familière et généreuse nous offrant notre liberté.

Le motet «Cantate jordanis incolae» est un chef-d'œuvre méconnu auquel par une direction habitée et dont la liberté est celle de la grâce, nous donne, ainsi que le quatuor vocal, ce qui est peut être le plus grand moment de ce CD. Dans Ut nunciatus Christus ab angelo, la pulsation orchestrale et vocale, devient quasiment incantatoire.

Voici un CD splendide, une version de référence pour ce requiem et ce motet, qui méritaient les interprètes hors normes et flamboyants que nous avons ici.

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