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Florent Schmitt par le Christian Ivaldi et le Quatuor Stanislas, tout-puissants accords d’une riche musique

Dès les premières mesures, et pendant cinquante-cinq minutes, le Quintette de tient l'auditeur en son pouvoir. Non content de marier l'élan de César Franck à la recherche harmonique de Gabriel Fauré, Schmitt cultive, dans cette œuvre créée en 1909, un langage vraiment singulier. Ses longues mélodies, animées par une aspiration toujours renaissante, sont combinées en une polyphonie qui traite tous les instruments sur le même plan : la texture peut donc s'enrichir sans que la phrase ne perde son énergie. Il en résulte une œuvre uniment majestueuse et passionnée, dont la structure tripartite est directement héritée du Quintette de Franck : après la noblesse orageuse du premier volet, le mouvement lent semble un nocturne étoilé de trilles. Le dernier mouvement s'ouvre par une danse macabre aux rythmes capricieux, avant de mêler brillamment la plupart des thèmes de l'ouvrage.

Donnée en complément, la pièce Hasards est plus courte (quatorze minutes), plus tardive (1939) et plus légère. Après l'Exorde, deux mouvements aux titres énigmatiques (Zélie au pied léger, Demi-soupir) allient la finesse à l'alacrité, avant une Bourrée bourrasque qui rend un hommage pince-sans-rire à Chabrier.

On aura compris que le Quintette a de quoi effrayer les interprètes ; la partie de piano, en particulier, semble ardue. Comme dans les quatuors de Ropartz (volume I et volume II), et le se montrent tout à fait à la hauteur de la tâche : usant d'une palette de couleurs très homogène, ils concilient ferveur et puissance avec une musicalité constante qui leur permet de mener à bien les phrases les plus complexes. La prise de son chaleureuse et équilibrée participe à la réussite de l'entreprise. Curieuse idée, toutefois, d'illustrer le disque avec une paysanne norvégienne, alors que Michel Fleury, dans la notice, décèle chez des qualités qui sont «l'apanage de l'art français»…

Voici donc un enregistrement précieux, qu'on ne manquera pas de compléter par le mouvement lent du Quintette, enregistré en 1935 par le Quatuor Calvet et le compositeur au piano (disponible dans le coffret Composers in person récemment édité par EMI). Ce document pourrait d'ailleurs inspirer une autre lecture de l'œuvre, plus sinueuse, plus contrastée : l'œuvre mérite assurément de revenir au répertoire.

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