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Christian Zacharias redore la musique d’Offenbach

Quand s'annonce le spectacle d'une opérette de scéniquement dirigée par , on doit s'attendre à ses débordements scéniques souvent incontrôlés.

L'expérience lausannoise désastreuse de La Veuve Joyeuse de décembre 2006 pouvait donc retenir le chaland. De plus, sachant que cette mise en scène de La Belle Hélène avait été montée pour la première fois au Capitole de Toulouse en 1982, on pouvait craindre que sa reprise se soit alourdie avec le temps. Avec son inévitable lot de seins nus et de cotillons fusant de tous côtés, c'est donc avec une certaine appréhension de retrouver les grosses et lourdes ficelles de que votre serviteur assiste à la représentation. Cependant, il faut bien reconnaître que là où on s'attendait à la vulgarité scénique de certains précédents spectacles, la mise en scène de cette Belle Hélène est d'une surprenante sagesse. Voire finesse. Non pas que la fête soit absente, ou que les rajouts spirituels un peu «téléphonés» manquent à l'appel, mais les scènes se suivent avec des enchaînements bien rodés, des scènes comiques amusantes, et une évidente joie des protagonistes de jouer cette comédie.

Déjà appréciée à Toulouse l'an dernier où il avait fait l'unanimité, la version lausannoise de ce spectacle se bonifie avec l'approche musicale subtile de la direction de qui, à la tête de son offre une lecture éminemment sensible des pages de . Traitant cette musique avec une finesse peu commune, il réussit à en exhaler tout le charme viennois qu'on connaît au compositeur alsacien. S'étendant sur les mélodies, les retenant au bout de sa baguette pour les faire s'épanouir dans l'espace, montre avec quel soin quasi horloger il a abordé et étudié la musique d'Offenbach. On se régale de l'entendre développer les airs d'Offenbach. Une finesse particulièrement perceptible lors des intermèdes musicaux qui ouvrent les trois actes de cette comédie.

Dans le décor coloré d'une Grèce antique en carton-pâte, la distribution se range aux côtés de la musique. Si aucun des protagonistes ne crève l'écran, chacun se donne à ce que l'œuvre et des interprètes soient servis au mieux de leurs talents divers. Si (Calchas) mène le jeu avec un remarquable abattage, autour de lui les autres ne déméritent pas. Ainsi, si Maryline Fallot (Hélène) manque parfois de puissance dans le registre grave, son articulation et son jeu scénique en font une héroïne crédible. Son «Dis moi, Vénus, quel plaisir…» est un régal de sensualité. À ses côtés, le beau (Pâris) campe un berger hollywoodien de la meilleure veine. La voix est certes belle, mais difficilement comparable puisqu'elle est sensiblement sonorisée. À plus de soixante-quinze ans, le ténor (Ménélas) fait preuve d'une enviable énergie et tient son rôle avec une étonnante vocalité. Dans cette comédie colorée, chacun s'engage à donner corps et potentialité au spectacle.

Les ballets admirablement réglés et les Chœurs de l'Opéra de Lausanne parfaitement préparés ont couronné cette soirée où a redoré la musique d'Offenbach d'impeccable manière.

Crédit photographique : (Pâris) & Maryline Fallot (Hélène) ; (Ménélas), Maryline Fallot (Hélène) & (Pâris) © Marc Vanappelghem – Opéra de Lausanne

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