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Récital des nouveaux talents du CNIPAL

Ce mardi soir dans le cadre de l'heure exquise, les salons dorés de l'opéra de Toulon accueillaient les nouveaux talents du Centre National d'Artistes Lyriques (CNIPAL). Quatre jeunes talents d'origine et de formation diverses se sont produits devant un public assez nombreux et enchanté. Au programme, les grands airs du répertoire, adaptés au quatuor vocal. Conçue, comme un programme complet, à la fois scénique et vocal, cette soirée fut l'occasion pour les jeunes artistes de montrer leur grande capacité d'acteurs et d'adaptation d'un rôle à l'autre.

À ce jeu et excellèrent particulièrement. Le jeune coréen, fut, du reste certainement et de loin le plus talentueux. Outre son aisance scénique, il fit montre d'une grande clarté de diction, fort d'une voix sûre et posée. Même si l'émotion se traduisait par un certain essoufflement, sa voix, notamment dans l'Air de Gérald sut toujours rester naturelle, fluide et stable. Il faut également souligner son extrême capacité d'adaptation, témoin d'une grande musicalité et d'un vrai professionnalisme. Le salon Campra, mal adapté arrivait vite à saturation et il fallait à composer entre cette contrainte acoustique et le piano beaucoup trop fort. Sans se laisser troubler, on sentait un réel effort pour concilier gestion de la nuance et musicalité du texte. Tout aussi imperturbable, il tenta le même équilibre avec la soprano, nantaise tant dans Donizetti que dans l'Air de Christine, extrait du Fantôme de l'opéra. Si le public put apprécier dans le premier un bon équilibre d'ensemble et de bonnes dictions, semblait moins à l'aise pour gérer les nuances et la belle puissance de sa voix claire et stable qui devenait très nettement désagréable dans les conditions acoustiques du salon doré. Il est dommage en effet, qu'à l'exception de et dans une moindre mesure de , les autres interprètes aient semble-t-il choisi de montrer leur voix plutôt que de gérer en professionnels l'espace sonore.

Mais à l'écoute du solo de piano on comprend mieux les choix des jeunes chanteurs. Le blues beaucoup trop frappé et métallique aux accents sonores bien trop marqués et forcés perdait par là même son style et son rythme au profit d'une ligne très découpée, d'un blues métrique et mécanique. Chef de chant du CNIPAL, Nina Pavlenichvili a semble-t-il imposé son style aux jeunes artistes, particulièrement à la soprano et au baryton. Style d'autant plus remarquable dans le duo du bottier et de la gantière de La vie parisienne. Duo où l'émotion et les vocalises plus poussées que chantées contrariaient les fins de phrase. D'une manière générale, outre cette délicate gestion des nuances, ce fut le défaut majeur de qui, souvent à bout de souffle, ne parvenait pas à aller au fond des notes. Même léger travers pour la mezzo soprano dans son duo avec la nantaise. En revanche, dans ce duo de Lakmé, ces deux voix s'épousaient parfaitement bien, alors que le duo précédent (Sophie Desmars et ) manquait d'unité. Assez loin du style enlevé d'Offenbach, les rythmes traînaient et perdaient leur légèreté. Après le Coréen, le jeune Breton paraissait plus pâle, naturellement désavantagé par la tessiture moins colorée de baryton. Mais bien que s'étant très honorablement sorti de la difficile prononciation allemande, il y avait plus de voix que de musicalité dans son interprétation Du Père de Hansel et Grëtel. Interprétation, une fois encore très compréhensible après l'audition de la pianiste. Il est intéressant de voir deux interprétations d'une même pièce. Avec peut-être plus d'indépendance et d'assimilation personnelle de l'œuvre, Ji Hyun Kim et sont restés très libres dans le quatuor du Fantôme de l'opéra, tandis que le baryton et la soprano, en dehors de la ligne générale d'interprétation sont demeurés fidèles au style relayé par le piano.

Enfin, notons le très agréable finale avec notamment l'excellente prestation de la mezzo soprano et le très beau trio mezzo soprano-ténor-baryton où les voix s'épousaient parfaitement bien, en contraste avec l'entrée disproportionnée de la jeune soprano. Difficile équilibre entre suivre un maître et affirmer sa personnalité. Il est certain en tout cas que Ji Hyun Kim et Majdouline Zerari en choisissant d'assumer leur personnalité se sont révélés de grands interprètes et de véritables professionnels.

Crédit photographique : photo © CNIPAL 2008

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