- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Les jeux de l’amour à l’Ecole de danse de l’Opéra national de Paris

Trois pièces de styles très différents au programme du spectacle annuel de l'Ecole de danse de l'Opéra national de Paris. Ou quand de futurs danseurs professionnels se frottent avec grâce et enthousiasme à la scène et au public de Garnier.

Ils ont les rondeurs et l'inquiétude de l'enfance, mais aussi l'attitude crâne de ceux à qui rien ne fait peur. Dans Péchés de jeunesse, créé pour l'école par le danseur étoile en 2000, ils offrent une belle homogénéité à une chorégraphie lisse et sans histoire. Celle-ci est un parfait exercice d'école, avec beaucoup de sauts et de petite batterie pour les garçons, des pointes pour les filles et des adages un peu vifs. Un peu long, ce ballet offre néanmoins à ses interprètes une riche palette de styles et de techniques.

Souriante, Coralie Tran Phat fait la preuve d'une belle maturité. Dans le premier pas de deux, Calista Ruat est pénétrée par son rôle, dont elle est une interprète subtile et douce. Piquante, avec des bras pleins d'esprit, Emma D'Humières rayonne. Son partenaire masculin, Neven Ritmanic, fait montre d'un remarquable travail de bas de jambes, tenu et maîtrisé, et d'un bel élan.

C'est une belle idée que d'avoir mis au répertoire de l'école La Somnambule, ballet de Balanchine qui, par sa structure, rappelle les ballets du grand répertoire russe, comme Le Lac des Cygnes. La scène s'ouvre en effet sur un bal masqué, en pleine Restauration, pendant lequel les divertissements (pastorale, danse orientale, arlequin) permettent aux jeunes danseurs de s'illustrer dans d'amusantes saynètes au milieu d'une atmosphère festive. La production, dans des décors peints, est cependant relativement poussiéreuse.

Balanchine esquisse dans ce ballet deux modèles féminins, celui de la coquette, incarnée par Sophie Mayoux et d'une jeune fille pure et mystérieuse, La Somnambule, interprétée par la hiératique Julia Cogan. Le couple formé par le poéte (Juntaro Coste) et la coquette offre une danse ample, élégante et raffinée. Beau ténébreux, le jeune danseur est ensuite troublé par l'apparition de La Somnambule dans une atmosphère crépusculaire et très romantique, qui rappelle les seconds actes des ballets blancs (Giselle, La Sylphide).

Les élèves de l'Ecole de danse semblent cependant beaucoup plus à leur aise dans Yondering, un ballet frais et primesautier chorégraphié par pour les écoles des ballets de Hambourg et du Canada, avant de le confier à celle de l'Opéra de Paris en 1999. Mettant en valeur les jeunes danseurs, le ballet est vibrant, sincère et généreux et permet d'alterner de beaux passages d'adages et de portés avec des moments plus dynamiques et ludiques.

Dans la première des chansons populaires américaines, enregistrées par le baryton Thomas Hampson, Etienne Ferrière fait preuve d'une sympathique présence, surpassant ses camarades. D'une chanson à l'autre, contemporain et caractère sont intimement mêlés dans une danse printanière et populaire, à l'enthousiasme communicatif. Signalons tout particulièrement Beautiful Dreamer, un pas de trois qui rassemble Etienne Ferrière, Rémy Catalan et Letizia Galloni, une belle artiste épanouie et féminine, en académique bleu. Ou Alizée Sicre, qui fait également partie des solistes de cette production, très énigmatique, mais activement soutenue par son partenaire Constant Vigier.

Crédit photographique : © David Elofer / Opéra National de Paris

(Visited 731 times, 1 visits today)