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Hommage à Armand Marsick avec James Ehnes

Fidèle à sa politique de promotion du répertoire français et belge, l'OPL n'a pas oublié cette saison de rendre un hommage au liégeois Armand Marsick disparu il y a cinquante ans. De Bilbao à Athènes en revenant finalement à Liège, sa carrière fut partagée entre direction d'orchestre, enseignement et composition. Son poème symphonique Stèle (In Memoriam), œuvre de jeunesse, s'esquisse comme une musique à programme dédiée à la mémoire d'un héros. Elle possède une intéressante capacité à évoquer des images mais pèche par instant d'un manque de complexité et d'une certaine densité dans son orchestration.

John Axelrod initialement désigné pour diriger ce concert a finalement été remplacé par Dimitri Jurowski, arrivé à Liège tout auréolé de son prestigieux nom… Pour interpréter le Concerto pour violon de Dvořák, James Ehnes qui a enregistré cette pièce avec l'orchestre philharmonique de la BBC (dirigé par Gianandrea Noseda pour Chandos) le rejoint. Pour la petite histoire, le violoniste canadien joue un Stradivarius ayant appartenu à Martin-Pierre Marsik, l'oncle d'Armand. Une fort belle manière de prolonger cet hommage…

Les premières notes du concerto très appuyées résonnent de façon très « slave ». De quoi inquiéter quelques minutes une interprétation dégoulinante d'effets gratuits. Il n'en fut rien, la suite du premier mouvement revenant à une lecture plus sobre. La virtuosité de fait mouche de manière immédiate et n'est jamais mise à mal par la partition de Dvořák. Tout au plus peut on regretter que l'artiste force parfois sa sonorité pour dépasser la puissance de l'orchestre. En effet, lors du bis interprété à la suite du concerto, a montré qu'il pouvait développer un son bien plus pur et généreux que celui restitué lors de sa performance avec la phalange liégeoise. L'Allegro final est certainement la plus belle réussite de ce concerto. Les cordes de l'OPL rivalisent de grâce entre le motif initial en tutti et sa réponse en pizicatti. Ehnes et Jurowski entraînent avec brio l'auditeur dans un voyage qui laisse en nos oreilles de charmants échos de danses slaves…

Le concert propose enfin la Symphonie n°4 de Mendelssohn dite « Italienne ». Jurowski s'y montre à l'aise à travers des tempi assez maitrisés dans la première moitié de l'œuvre. Incisif et léger, l'Allegro installe l'auditeur dans une lecture caractérisée par une certaine élégance. L'Andante con moto laisse ensuite respirer le sombre chant des bois soutenu par les basses, contrastant radicalement avec la joie sereine du premier mouvement. La baguette du chef s'alourdi dans le troisième mouvement, perdant de son efficacité tandis que la nerveuse saltarelle a eu bien du mal à rassembler le pupitre de bois tant leur staccato a été mis à rude épreuve par . Bilan mitigé donc, pour une symphonie qui s'avère bien plus complexe à diriger qu'elle ne le laisserait présager.

Ce concert annonçait déjà la fin d'une saison riche en succès pour l'orchestre Philharmonique de Liège. L'arrivée de son nouveau directeur, François-Xavier Roth en septembre prochain sera l'occasion pour les musiciens liégeois de relever de nouveaux défis, avec en concert d'ouverture les célèbres Planètes de Holst… Qu'on se le dise !

Crédit photographique : © Tony Hauser

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