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Tiefland d’Eugen d’Albert, vérisme germain par Franz Welser Möst

Réponse allemande au vérisme italien, Tiefland d' reste une rareté au répertoire.

Quelle injustice d'être ainsi ignorée, pour une œuvre qui connut son heure de gloire au début du XXe siècle avec près de trente productions différentes avant la première guerre mondiale, dont des apparitions à l'affiche du Metropolitan Opera de New York et du Covent Garden de Londres ! L'intérêt de l'ouvrage, outre son sujet, fait de jalousies amoureuses, réside en un savant mélange entre une orchestration mêlant une latinité mélodique à des harmonies néo-wagnériennes, saupoudrée d'une touche locale «folklorisante».

Présentée à Zurich, où elle a été filmée avant d'être reprise au Liceu de Barcelone, cette production montre toute l'attention que la scène suisse porte aux œuvres peu connues, avec une distribution parfaite : la mise en scène, actualisant légèrement l'action lui donne une force nouvelle.

Chef lyrique au métier affirmé, impose un accompagnement fin et poétique, qui sert idéalement l'orchestration en évitant les pièges du néo-wagnérisme appuyé. La distribution «de rêve» (Gœrne, Polgar, Schnitzer, Seiffert) passe, avec maestria, le cap de la scène. On guette tout particulièrement l'une des très rares apparitions de dans une production lyrique. La scénographie de Matthias Hartmann place le prologue dans l'atelier d'un scientifique tout puissant : Tommaso, le maire du village, devient ici une espèce de mégalomane omnipotent. Les deux actes de l'action sont ensuite replacés dans un salon d'apparat très «grande bourgeoisie». Certes le drame paysan est détourné, mais les personnages y gagnent en profondeur. La captation est réglée avec une efficacité toute suisse et s'avère très prenante. Cette réalisation est artistiquement majeure et restera, pour longtemps, une référence pour la partition.

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