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La fille mal gardée : évidence et simplicité

La reprise de La fille mal gardée clôt, tout comme il y a deux ans, lors de son entrée au répertoire, la saison chorégraphique 2008-2009 du .

Ce ballet, facile de compréhension, et attirant toutes les sympathies est absolument adorable quant à le revoir, et c'est un réel plaisir que de retrouver les solistes déjà si appréciés auparavant ; Mlle Ould-Braham, avec sa délicatesse coutumière a fait montre d'une technique peaufinée et qui ne laisse apparaître aucune scorie. Son art de la pantomime fait oublier les situations parfois un peu triviales, et l'on se prend à s'apitoyer sur le sort malheureux puis finalement au dénouement favorable de Lise. Ses bras sont son atout le plus admirable, en cela qu'elle est une des rares à l'Opéra à penser sa danse avec également cette partie de son corps, et pas uniquement avec les jambes, qui, de toutes façons, ont toujours bénéficié chez cette danseuse d'un travail très abouti. , qui étrenne lors de cette première son premier grand rôle en tant qu'Étoile n'appelle évidemment aucune réserve : la technique est très sûre, sa jeunesse sied parfaitement au rôle, et sa prise de risques est récompensée. Il a visiblement amélioré son jeu, et est plus crédible qu'auparavant. Gageons qu'il saura trouver la voie qui lui permettra de rendre son amélioration constante.

, en revanche, a semblé en méforme, ou peut être, auquel cas cela n'aurait pas été tout à fait clairvoyant, a-t-il voulu qu'Alain soit également maladroit dans sa danse. Or, dans les moments de pure danse (si tant que la caricature du personnage l'expose), il a paru un peu brouillon, ce qui n'est pas habituel chez ce danseur. Toutefois, il possède cet aspect niaiseux et idiot du village voulu par le rôle. C'est très intéressant et assez bien réussi.

Enfin, Stéphane Phavorin en Mère Simone : absolument délirant et désopilant ; il est fascinant de constater l'évolution depuis deux ans d'une part, et combien alors dans la même série de représentations, il avait poussé le burlesque jusqu'à son paroxysme, rendant bien pâle toutes les autres interprétations ; combien ne pas s'extasier devant tant d'ingéniosité et de trouvailles dans la composition de ce personnage acariâtre ? La Danse des Sabots est d'une précision implacable et fait appel à un imaginaire collectif partagé par tout le public : la vieille fille, la marâtre, la mère adorable. Bref, si le couple principal touche par la grâce, la juvénilité et l'insouciance dix-huitièmistes (comment ne pas songer à Fragonard et Boucher ?), c'est bien Stéphane Phavorin qui enlève le morceau, et rend indispensable chacune de ses apparitions.

Quant au corps de ballet, avec beaucoup d'élèves de l'École de Danse (une partie de la troupe étant mobilisée par la tournée australienne), il est convaincant, et ne manquera pas de se bonifier au long des prochaines représentations.

Crédit photographique : (Colas) ; (Alain) © Sébastien Mathé/ Opéra National de Paris

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