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Le dialogue interculturel d’Hespérion XXI

Festival Musique et Histoire de l'Abbaye de Fontfroide 2009

Nichée dans les premiers contreforts des Corbières, l'abbaye cistercienne de Fontfroide est ce lieu d'élection où les grillons du soir chantent pour le public des concerts avec plus de poésie qu'ailleurs. Envoûtés comme bien des artistes qui s'y sont arrêtés, et son épouse y ont fondé depuis 2006 le Festival «Musique et Histoire» soutenu par les Fondations Edmond et Benjamin de Rothschild. C'est le thème, cher à l'artiste catalan, du rapprochement des peuples grâce à la musique qui fédère cette 4e édition déclinée en cinq concerts, du 28 juillet au 1er août. Rappelons que a été nommé en 2009, «ambassadeur de l'année européenne de la créativité et de l'innovation».

Ce premier concert donné sous les hautes voûtes de l'église-abbatiale réunissait 11 musiciens du pourtour méditerranéen, grands Maîtres de leurs instruments dont nous présentait en début de soirée les plus rares tel le kaval, cette flûte bulgare aux multiples registres (dont on savourera les démonstrations virtuoses au cours du concert) ou le duduk, suave et profond, exigeant la respiration continue. Ce programme d'une heure trente de musique enchaînait pièces instrumentales et chansons dans un kaléidoscope de couleurs et de rythmes soutenus. Aux côtés de parfaitement à l'aise dans un répertoire qu'elle affectionne, le chanteur israélien Lior Elmalich nous captivait par son chant singulier, sorte de cante jondo fascinant lorsqu'il se libère dans l'improvisation ornementale. Face à Jordi Savall qui, sans véritablement s'imposer dans ce groupe admirablement soudé, assurait de son archet virtuose la précision des attaques, le joueur de kamancha (vièle du caucase) Gaguik Mouradian répondait aux suggestions mélodiques (dans Las estrellas de los cielos d'Alexandrie notamment) par des contrepoints merveilleusement inventifs. Citons encore, parmi cette assemblée prestigieuse d'interprètes totalement habités par la musique qu'ils défendent, le timbre solaire de l'oud de  ; c'est lui qui, bien souvent, amorçait les pièces du répertoire par de savoureuses introductions dans un temps totalement suspendu. Ce dialogue interculturel se terminait par un chant donné simultanément dans quatre versions et langues différentes (grecque, turque, arabe et juive), la preuve par la musique – version Jordi Savall – que toutes les traditions ont un fond commun et que la diversité des peuples peut se vivre dans l'harmonie.

Crédit photographique : Jordi Savall © Frank Siteman

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