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Alfonso et Estrella, Schubert en opéra par Harnoncourt

Alfonso und Estrella est une nouvelle étape des malentendus entre Schubert et l'opéra.

Composé entre 1821 et 1822, alors que le Freischütz émerveillait le public viennois, Alfonso und Estrella fut refusé à Vienne et différentes tentatives de monter l'œuvre, à Berlin et Dresde, échouèrent. Liszt parvient à faire créer l'œuvre dans une édition abrégée et remaniée ; mais cette première production était à titre posthume. Une autre version modifiée fut exécutée à la fin du XIXe siècle en Allemagne ; mais il fallut attendre 1991 pour découvrir, à Graz, une production de la version originale. Cette partition est une bonne synthèse des qualités et des nombreux défauts du Schubert compositeur d'opéra. L'opéra peine à s'imposer sur la longueur en raison des options dramaturgiques curieuses d'un Schubert qui se plait à casser la construction avec de longs développements ; comme si, captivé par son écriture, l'artiste ne savait plus arrêter sa main qui ne cesser d'ajouter des notes et des notes aux airs. Reste que, cette musique, bien que truffée de défauts, est magnifiquement écrite et toutes ces longueurs sont entrainantes avec des airs que ponctuent de subtiles et nombreuses interventions du chœur.

Naxos qui se lance dans le DVD avec célérité, a mis la main sur une captation de la radio autrichienne. Filmée à Vienne en 1997, cette production bénéficie d'une équipe musicale de grand luxe menée par . La distribution est parfaite avec une équipe masculine prestigieuse : , et alors juvénile et surdoué. Harnoncourt adore cette musique et il mène ses complices du , avec vivacité et dramatisme.

Côté mise en scène, le chef retrouve son vieux compère . Au fil des spectacles, on reconnaît la touche de Flimm : une sorte de «ni- ni» : ni trop moderne, ni trop classique avec un cachet «fin d'Empire Habsbourg» un rien téléphoné. Pour les décors, Erich Wonder ne s'est lui pas trop compliqué la tache avec un travail très passe partout. Par ailleurs, sans idées dramatiques, Flimm, suit le livret et ses chanteurs sont trop souvent statiques. Pour rester positif, on peut dire que ce travail ne dérange pas et permet de se concentrer sur la musique…

Cette parution qui ne risque pas de connaître trop de concurrence, est donc la seule façon de découvrir l'œuvre et, en plus, dans des conditions artistiques optimales et à prix raisonnable. On signale juste aux collectionneurs l'existence d'une belle version discographique EMI qui voit officier Dietrich Fisher-Dieskau, Peter Schreier, Edith Mathis et Theo Adam.

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