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Quatre facettes de la musique d’aujourd’hui

Festival Présences 2009

Pour la troisième journée du premier week-end du Festival Présences, les programmateurs de cette XXe édition consacrée à semblent avoir souhaité offrir au public un panachage judicieux et hétéroclite de la musique d'aujourd'hui, avec les quelques créations qui sont la marque de fabrique de la manifestation. Musique répétitive, musique bruitiste, musique néoclassique, musique postmoderne : quatre courants importants de la musique contemporaine semblent avoir été mis à l'honneur ce soir là.

En amuse bouche, nous propose Chairman Dances de , une très belle pièce adaptée de son opéra Nixon In China. Contrairement à celle de son tout aussi talentueux confrère Steve Reich, qui l'a également influencé, l'œuvre du compositeur répétitif américain est ancrée dans la tradition : elle utilise généreusement l'orchestre, ne craint pas la thématique et exalte les contrastes. Entendre sa musique en concert est une expérience à vivre, tant son œuvre est puissante et envoûtante. L' s'en tire correctement mais ne semble pas particulièrement à l'aise : hésitations entre chaque section, défauts de mise en place rythmique, manque de conviction. On se surprend à penser que seul un orchestre américain est capable d'interpréter la musique de .

L'orchestre se rattrape sous la direction de Krystof Maratka. Les applaudissements sont à peine terminés que les percussions intrigantes de la pièce bruitiste Zverohra se font déjà entendre. Pendant vingt minutes, le spectateur est projeté quelques millions d'années en arrière, en pleine préhistoire. Percussions insolites, effets instrumentaux spectaculaires, expressions vocales élémentaires et mimétiques interprétées avec beaucoup d'implication par la soprano Elena Vasilieva composent un tableau saisissant de la communication sonore primitive. Les plus attentifs auront pu remarquer un travail très intéressant sur l'espace stéréo : aux appeaux de la section de percussion à gauche répondent les anches des bois au centre droit. De même le compositeur Krystof Maratka a composé un étrange jeu de questions/réponses entre les coups de pieds donnés par les cordes à gauche et ceux donnés par les cordes à droite : l'effet produit est prodigieux !

Après l'entracte, reprend la baguette afin de diriger Le Tombeau de Ravel, une œuvre d' que a orchestré avec beaucoup de sensibilité. La pièce du compositeur français est de style plus classique et séduit par ses qualités harmoniques, mais ne rappelle en rien l'œuvre de l'illustre musicien auquel elle rend hommage. a sans doute emporté avec lui les raisons qui ont présidé à cette pièce.

Enfin, l' interprète Sphaera, une œuvre pour chœur et orchestre de l'un des compositeurs français les plus brillants de sa génération, . Cette pièce monumentale et très rythmique, qui utilise un poème en latin de Richard Crashaw, décrit les mouvements d'une sphère tournoyante. Toute entière construite sur une pédale de fa dièse, Sphaera confirme les qualités exceptionnelles d'un musicien qui orchestre comme personne et sait se mettre à la portée de son public, bien que la section centrale de l'œuvre soit beaucoup moins convaincante…

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