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Mention Honorable

Curieusement intitulé «Couleurs du Nord» (Nielsen, Grieg mais aussi Dvořák étaient au programme), ce concert de l', quinze jours après une superbe Sixième de Mahler sous la direction de Simone Young, n'a pas atteint le même niveau d'excellence. Avec un pianiste dont la maîtrise technique n'est plus à démontrer – – et un chef d'orchestre qui a fait des prodiges au Danemark (Orchestre Symphonique national), l'affiche était pourtant prometteuse.

La pièce inaugurale, une rareté de Carl Nielsen (lire notre dossier), n'est pas en cause. L'orchestre lyonnais, dirigé avec subtilité par , familier de ce répertoire, trouve les clés de cette musique mystérieuse et éthérée qui sans crier gare s'abîme dans des rythmes obsédants. Belle et convaincante illustration sonore de la fuite éperdue de la nymphe Syrinx. Le Concerto pour piano de Grieg est plus problématique. Très proche du concerto de Schumann, auquel il rend hommage, ce petit chef-d'œuvre d'invention mélodique est aussi difficile à réussir que son modèle, le «grand pianisme» n'ayant jamais suffi à en restituer l'atmosphère presque chambriste. C'est un vrai dialogue concertant, presque intime qu'il faut nouer avec l'orchestre… Remarquable pianiste, loué dans les pièces les plus exigeantes du répertoire, tombe toutefois dans le piège à Narcisse, faisant un sort à chaque note. Interprétation maniérée qui a tendance à rompre la fluidité du discours (Adagio) et enlève beaucoup de fraîcheur à cette œuvre de jeunesse, encore sous influence. Reproche que l'on a déjà pu faire au pianiste allemand lorsqu'il collabore avec Chung dans Beethoven ou Brahms !

C'est d'autant plus regrettable que l'orchestre est plus qu'à la hauteur -malgré les habituelles lourdeurs des cuivres- sous la direction aérienne et primesautière de . Contrairement à bon nombre de ses collègues qui se complaisent dans la pâmoison romantique, le danois fait ressortir toute la légèreté de l'orchestration et son évidente ascendance folklorique (troisième mouvement). Vivement que revienne à plus de simplicité ; son Moment musical de Schubert donné en bis était superbe.

Pour conclure, l'ONL offrait une honnête interprétation de la Symphonie n°6 de Dvořák. Répertoire difficile, auquel peut-être seuls les orchestres d'Europe centrale et de l'Est ont rendu justice ! Sans être d'une poésie renversante, ni d'un lyrisme contagieux, la baguette de Dausgaard assure l'essentiel mais on aura tout de même perçu le problème de mise en place dans l‘Allegro non Tanto initial, comme l'absence de personnalité des bois et un très net déficit en couleurs dans les autres mouvements. Moment le plus réussi du concert, le Scherzo fait ressortir les belles qualités de l'orchestre (homogénéité des cordes notamment) même si l'on a connu les musiciens plus précis et globalement plus inspirés.

Mention honorable pour ce concert, en attendant les prochains, ultra prometteurs (Symphonie Alpestre de Strauss, Boite à bijoux de Debussy… ).

Crédit photographique : © Marianne Grondhal

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