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Gidon Kremer et Martha Argerich, Schumann et Bartók, pas un petit programme…

et  ; et  : deux rencontres — dont la première est moins inattendue — en un seul concert. Enregistrement live dans la grande salle de la Philharmonie de Berlin ; programme exigeant, pour un intense effort musical.

Dès Schumann, et la Sonate n°2, l'enregistrement rappelle deux grands artistes au brillant paradoxe : aussi fragiles que solides. Un jeu plein de contrastes, exploration de multiples nuances, technique sans faille, esprit d'ensemble, à défaut parfois d'une précision d'ensemble, mais là n'est vraiment pas l'essentiel. Plus curieusement, la prise de son privilégie le violon : des micros qui semblent si près des cordes qu'ils relèguent le piano au second plan, tout en soulignant les inévitables déchets d'un archet sur une corde… Si ce choix montre plus d'attaque, plus d'énergie, il tient sans doute moins compte d'une écriture schumanienne du violon qui, si moins virtuose que celle d'autres grandes sonates, cherche plus à mêler le grain de l'instrument à la texture pianistique, dans un registre qui ne favorise pas l'extrême aigu ou toute autre démonstration d'un «certain» savoir-faire violonistique…

Une impression déjà moins prégnante dans la monumentale Sonate pour violon seul de Bartók : le micro semble avoir été déplacé, plus rien ne gêne l'expression tendue, très virtuose (rythmes, contrepoint, etc), pleine d'images du passé, comme improvisée parfois, du compositeur hongrois.

Deuxième partie, deuxième disque, et les merveilles miniatures des Kinderszenen op. 15, marquées par la liberté d'interprétation de , entre brillance et intimité… Confirmation d'une pianiste «qui sait tout faire»…

Final en panache et la difficile musique de la Sonate n°1 pour violon et piano de Bartók… Délicate à jouer, délicate à écouter… À cerner aussi… Une musique qui ne lasse pas… Expressionniste… Le piano, le violon, jouent ensemble, mais ne semblent pas jouer la même chose… Une musique au carrefour des désirs debussystes, schönbergiens (dodécaphoniques), populaires enfin, du compositeur. Un piano bien moins sourd que dans la Sonate de Schumann ; les micros semblent avoir cessé de jouer leurs tours… Pas de fatigue, les artistes achèvent avec brio cet énorme programme, et ponctuent le récital de deux instants de légèreté : Liebesleid et Schön Rosmarin de Kreisler.

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