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Martinů / Beethoven avec Günther Herbig

Orchestre philharmonique de Liège

Alors que le public de l'Orchestre philharmonique de Liège garde encore en mémoire l'exceptionnelle Symphonie n°7 de Chostakovitch interprétée par à la tête de l'orchestre liégeois, en 2008, le chef d'orchestre allemand, invité régulier de l'OPL depuis 2003, nous proposait cette année une autre septième : celle de Beethoven. Mais avant d'aborder ce tube du répertoire classique, le chef d'orchestre nous livrait une pièce exceptionnelle et trop souvent ignorée par bon nombre de formations : la Symphonie n°6 du Tchèque . Judicieusement sous-titrée « Fantaisies symphoniques » cette œuvre associe une orchestration fourmillant de détails à une structure que l'on pourrait qualifier de « micro-architecturée ». Il sera ainsi difficile pour l'auditeur de percevoir le canevas global de l'œuvre, mais il lui sera tout aussi impossible de ne pas être séduit par la beauté des matériaux thématiques exploités (révélateurs de l'identité tchèque du compositeur), tout comme l'ingéniosité dont le compositeur fait preuve pour les métamorphoser sans cesse. L'orchestre se joue de toutes les difficultés d'une partition exigeante, et en révèle toute sa substance. L'on reste encore séduit par certaines individualités comme la trompette solo, le chant du pupitre de flûtes abordant le registre grave en parfait unisson, ou encore le concertmeister de ce soir – Marian Taché – dont la robustesse de l'archet fascinait dans l'inquiétant solo du premier mouvement. gère ses troupes avec sagesse. On retrouve sous sa baguette l'orchestre qui nous manquait depuis quelques temps : cet ensemble se distinguant par la clarté et la transparence de ses pupitres.

La Symphonie n°7 confirme ces excellentes impressions. Ayant collaboré au début des années 1960 auprès d'Herbert Von Karajan, Herbig s'inscrit dans sa lignée en sollicitant un orchestre plus important que celui prescrit par Beethoven. Ainsi découvrons-nous sur scène les effectifs de l'OPL renforcés : bois doublés et cordes en large formation. Le travail du chef, dirigeant sans partition, justifie amplement ce choix. En enchaînant chacun des quatre mouvements sans laisser le temps au public de polluer l'expérience musicale par les inévitables toux intempestives, le chef d'orchestre emporte l'auditeur à travers une expérience musicale dense et soutenue. Herbig sait prendre quelques libertés avec les staccato parsemant l'Allegretto, lui conférant alors une allure moins rigide. Le troisième mouvement, terrain de jeux propice à l'expression des bois de l'orchestre s'avère jouissif, les bois se distinguant par leur réactivité. Enfin, le mouvement final laisse le public pantois face à la déferlante rythmique menée par Herbig.

Une programmation audacieuse défendue par une baguette de choix ont su toucher le public de la salle philharmonique, qui a gratifié le chef d'orchestre et les musiciens d'une longue ovation.

Crédit photographique : photo © DR

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