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Sophie Karthaüser, Mozart dans la convention

La première impression est excellente. possède un instrument vocal magnifique.

La clarté du timbre, de beaux aigus, un centre vocal bien conduit, des vocalises bien posées, de la simplicité. Tout ce qu'il faut pour bien chanter Mozart. Elle a tout. Sauf que passé le second air, on s'ennuie déjà. Sa Pamina, sa Zaïde, son Illia ou son Tamiri ont toutes la même couleur vocale, elles racontent toutes la même chose quand bien même chaque texte et chaque intention de celui-ci veut être différent.

Pris séparément, nul doute cependant qu'en écoutant la soprano dans l'un de ces opéras, on restera admiratifs de l'excellence de son chant. Elle sera la Pamina de Die Zauberflöte du soir, l'Illia parfaite de cet Idomeneo, l'excellente Tamiri d'Il rè pastore de cette autre production mais, dans ce récital, on aimerait qu'elle apporte plus de différences, d'autres couleurs, en un mot qu'elle soit un autre personnage dès lors qu'elle chante un autre protagoniste. A chaque plage, le ton de son chant donne l'impression qu'elle est la proie à la vindicte humaine. Elle se lamente, «surchantant» Mozart et son sens de la belle mélodie. Pourquoi son «Solitudini amiche» d'Idomeneo sonne identiquement à son «Zeffiretti lusinghieri» ? Le premier air est une complainte alors que le second est un chant d'amour.

Etait-ce bien rendre service à cette talentueuse soprano d'éditer aujourd'hui un enregistrement qui date de trois ans ? Avec le bagage vocal que la soprano belge porte en elle, ses prestations actuelles sont certainement d'une valeur de loin meilleure à celles que nous gratifient ce disque.

Il est vrai que derrière le chant un peu conventionnel de Sophie Karthaüser, l' est emmené avec une verve et une musicalité splendide par un Kazushi Ono inspiré et dynamique. A lui seul, il justifierait que cet enregistrement figure dans une discothèque mozartienne.

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