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Le Messie à l’Arsenal par Le Concert Spirituel

L'approche des fêtes pascales est généralement assortie de sa moisson de Passions, oratorios et autres concerts de musique sacrée, et le public mélomane serait bien mal venu de s'en plaindre. Cette année, à l'Arsenal de Metz, c'est avec Le Messie de Haendel qu' et son Concert Spirituel ont choisi d'honorer une tradition qui donne ainsi l'occasion de réentendre, sur une base régulière, les chefs d'œuvres immortels de la musique classique et donc de revenir, à une époque où l'on ne cesse de redécouvrir des pans oubliés de la musique baroque, aux grands fondamentaux.

Pourtant, dans sa direction vive et alerte, fait tout ce qu'il peut pour s'écarter des sentiers balisés par la tradition. Dans sa tentative fort louable de revisiter une œuvre que tout le monde croit connaître par cœur, il redessine certaines phrases, insuffle à de nombreux morceaux une dynamique nouvelle, allant parfois jusqu'à modifier certains détails de l'orchestration. Le chœur, particulièrement souple, semble davantage suivre ses diverses inspirations que l'orchestre, dont les sonorités restent parfois un peu pâteuses. On aura particulièrement apprécié, chez les chanteurs, le pupitre des altos masculins, au timbre inhabituellement homogène. Même s'il n'est plus question de nos jours de remettre en cause l'opportunité de recourir à des instruments anciens, les problèmes de justesse occasionnés par certains instruments – comme la trompette, notamment… – nous rappellent que le débat est sans doute loin d'être clos.

Parmi les solistes, la soprano Tracy Smith Bessette a fait assez pâle figure, mais sa prestation reste somme toute honorable. On en dira de même du ténor Andrew Tortise, dont le timbre clair de «haute-contre» à la française convient en fait assez mal à la tessiture plutôt basse de sa partie. Le contralto de , en revanche, a tout à fait les couleurs de l'emploi, et l'interprète italienne aura offert comme à son accoutumée une lecture d'une grande intériorité et d'une belle intensité dramatique ; son anglais, sans être d'un grand idiomatisme, reste tout à fait acceptable, sans doute bien meilleur que celui de ces chanteurs italiens que Haendel avait lui-même pris l'habitude d'embaucher pour ses premières saisons d'oratorio à Londres. Des quatre solistes, c'est néanmoins le baryton , à l'instrument sonore et capable des plus belles vocalises, qui aura sans doute été le plus conforme aux exigences du chant haendélien, qui exige certes des qualités de virtuosité, mais aussi de puissance…

Une belle soirée qui aura permis d'entendre avec de nouvelles oreilles une des plus belles partitions haendéliennes.

Crédit photographique : © Eric Manas

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