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Un Italien à Paris : Ercole Amante de Cavalli

Vers 1659, la réputation internationale de Cavalli n'est plus à faire ! L'opéra L‘Egisto a été donné, à Paris, en 1646 et, en 1659, le cardinal Mazarin, lui demande de composer un opéra pour célébrer le mariage de Louis XIV et de l'infante d'Espagne Marie-Thérèse.

À cette occasion, un nouveau théâtre à la machinerie de scène impressionnante devait voir le jour au Palais des Tuileries : la «Salle des machines». Mais, à l'arrivée de Cavalli à Paris, le nouvel espace était encore en travaux !

La création ne put se dérouler, après de nombreuses péripéties, qu'en 1662, mais devant près de 7000 personnes ! Ce qui en fit l'un des plus grands shows jamais organisés en Europe. Le Roi soleil dansa lors de la représentation alors que Lully avait ajouté une musique de ballet. Les applaudissements furent au rendez-vous, même si Lully n'hésita pas à tirer la couverture à lui et à s'attribuer tout le mérite du succès de la partition !

Pourtant, la création fut émaillée de nombreuses scories : la machinerie capable de porter près de 200 personnes s'avéra très bruyante et l'acoustique était calamiteuse. Par ailleurs, en dépit de l'enthousiasme porté par la présence royale, l'accueil critique de la pièce fut mitigé : la profusion de références italiennes dans la partition tiédit un auditoire encore marqué par le goût français. En mai 1662, Cavalli, déçu et amer, repris le chemin de l'Italie. Sa déception était telle qu'il envisageait alors de ne plus écrire d'opéras…

Pourtant, la partition, dans le pur style vénitien, regorge de merveilles et déploie des fastes orchestraux et choraux luxuriants.

Le metteur en scène est bien connu du monde de l'opéra baroque et il a réglé de très nombreuses productions de Monteverdi et Haendel, essentiellement à l'opéra de Munich. Alden possède une esthétique très identifiable qui repose sur une conception toute personnelle du «baroque» qu'il décline dans un langage kitsch en technicolor bariolé. Le vaste plateau et la machinerie moderne du Muziektheater d'Amsterdam lui offrent l'opportunité d'en mettre plein les yeux aux spectateurs. Tout au long de l'œuvre, la scène est constamment occupée par des mouvements, des danses, et toutes sortes de gesticulations. Au moins, on ne s'ennuie pas !

Du côté musical, la réalisation est exceptionnelle avec une distribution à la fois juvénile et musicale. On retrouve ainsi deux des plus belles voix actuelles : le baryton et la mezzo rejoints par , l'une des plus fines musiciennes possibles !

Dans la fosse, , que l'on avait rarement entendu aussi convaincant, fait ressortir toute la sève et la beauté de cette musique. Il galvanise le chœur de l'opéra d'Amsterdam et le .

La réalisation rend la virtuosité de la mise en scène alors que l'image est superbe. En complément, Opus Arte propose de nombreux bonus : making of, synopsis illustré, rencontre avec des chanteurs.

L'opéra baroque reste encore plutôt sous-représenté en DVD à l'exception des opus de Monteverdi et Haendel. Ce produit musicalement et techniquement parfait, même si scéniquement discutable, s'affirme comme une valeur sure des rayonnages.

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