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Trios de Marin Marais pour le coucher du Roy

Avec ce disque , le label Ricercar poursuit un travail exemplaire de réédition, donnant par le soin porté au « packaging » et grâce à un livret digne de ce nom une nouvelle jeunesse à des enregistrements devenus indisponibles. On trouve ici un versant beaucoup moins connu que les cinq livres de pièces pour viole(s) et basse continue. Avec Lully, est un des premiers en France à avoir composé des pièces en trio (deux dessus et basse). « Ordinaire de la Chambre du Roy pour la viole » depuis 1679, il publie ces Pièces en trio pour les flûtes, violons et dessus de viole en 1692, recueil dédié à Mademoiselle Roland, danseuse et amie de la famille Marais. Il s'agit de pièces groupées par tonalités (ut majeur, sol mineur, ré majeur, si bémol majeur, mi mineur, ut mineur) qui ne sont pas vraiment des suites françaises (il n'y a ni allemande ni courante) mais plutôt des successions de danses pratiquées à la Cour et en société (sarabandes, gigues, gavottes, menuets…) qui débutent par un prélude et se concluent souvent par une pièce plus libre et plus développée (chaconne, passacaille, simphonie, plainte). Le modèle de est la musique orchestrale de Lully, de ballet en particulier, qui contient souvent des passages en trio. Ces pièces de musique de chambre, destinées « pour le coucher du Roy » sont interprétées ici par des membres du qui varient le choix des instruments du dessus selon les pièces : les « suites » 1, 2, 5 associent deux flûtes traversières aux deux violons, les autres (3, 4, 6) associant deux flûtes à bec aux dessus de viole (à l'époque, les deux types de flûtes cohabitent encore). On retrouve dans les instrumentistes de cet ensemble, outre les piliers au violon et à la viole, la regrettée Sophie Watillon, dessus de viole, mais aussi le violoniste Enrico Gatti ou le désormais célèbre (guitare et théorbe).

On apprécie le soin porté à la réalisation, l'entente entre les musiciens qui dialoguent subtilement dans ce répertoire intime et raffiné, tout comme la qualité du continuo (basse de viole, théorbe, guitare, clavecin). La variété des pièces, dansantes mais aussi langoureuses ou mélancoliques, évite toute monotonie à l'écoute de près de deux heures vingt de musique.

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