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Charmant Max Emanuel Cenčić !

Le très charmant contre-ténor s'est attiré l'adhésion d'un large public, par sa musicalité sans faille, son joli timbre et sa personnalité sympathique, et il le mérite bien. Cette fois encore, il a été très abondamment ovationné par ses aficionados, pour de fort justes raisons, dont celles citées ci-dessus, mais aussi pour un programme exigeant, et la générosité de l'artiste : pas moins de quatre bis, et pas des moindres !

Est-ce alors lui faire injure d'écrire que le compte n'y est pas tout à fait ? Non, justement, par respect de ce que l'on sait dont il est capable, on se doit de dire le sentiment d'inaboutissement que nous a inspiré ce récital.

Audiblement en méforme, et carrément épuisé à la fin des bis, le chanteur se cantonne dans une interprétation propre et lisse, très pro, mais dépourvue de la moindre fantaisie, du plus humble pathos. Les ornementations des reprises sont rarissimes. Tout cela est très joli, mais sans âme. Du gâchis, en quelque sorte, très musical, mais gâchis quand même.

L'orchestre semble aussi à la peine, malgré l'énergie et l'humour de son chef . On dirait que chaque instrumentiste possède une technique et un son fabuleux, mais que l'ensemble ne parvient pas à obtenir l'homogénéité. On citera comme exemple l'ouverture de Rinaldo, pendant laquelle l'ensemble des cordes court pour rattraper le premier violon, seul en phase (sublime Fiorenza De Donatis). Mais on se souviendra également du splendide théorbe de Michele Pasotti, accompagnant deux extraits d'Il Nascimento dell'Aurora d'Albinoni, tout comme des irréprochables cors d'Emmanuel Padieu et Pierre Turpin, et du très beau hautbois d'Andrea Mion.

Une soirée, pas particulièrement ratée, mais plutôt placée sous le signe du désenchantement.

Crédit photographique © DR

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