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Le Bruckner bio et végétarien de Thomas Dausgaard

L'infatigable poursuit son périple « portes ouvertes » en s'attaquant à . Ce choix n'est pas illogique dans la perspective d'explorer les partitions de l'époque romantique en décapant le texte musical. De plus après Schumann, Schubert et Dvorák, Bruckner devait inévitablement passer au scanner du chef d'orchestre. On est juste un peu surpris du choix de la symphonie n° 2 qui n'est pas la plus illustre, ni la plus aboutie de son auteur alors que les précédentes étapes visaient à mettre l'accent sur des grands chef-d'œuvres.

L'optique du musicien est toujours constante : alléger les effectifs et de soigner les équilibres. On se retrouve donc avec un Bruckner à l'esprit primesautier situé quelque part entre le Schubert des «petites symphonies» et le Schumann des premières expériences orchestrales. Mais le point nouveau par rapport aux précédents disques réside dans un geste musical moins brutal et volontairement démonstratif du chef dans les dynamiques (défaut plutôt rédhibitoire dans le dernier album Schubert). L'oreille peut ainsi se délecter du soin apporté aux équilibres entre les pupitres et à l'imbrication des thèmes. Le «scherzo» sonne ainsi avec toute la légèreté requise parfumée d'une douce poésie campagnarde. On est loin d'un Bruckner plutôt sanguin et minéral tel que le pratiquait Eugen Jochum à la tête de la Staatskapelle de Dresde dans sa seconde intégrale Bruckner (EMI ou Brilliant).

Du côté des choix des tempi, le chef ne joue pas la montre, mais se montre, là encore, soigneux de la logique de la partition et semble se griser des thèmes mélodiques. A l'exception des deux derniers mouvements, un peu plus vifs, est assez proche de la lecture de Jochum-Dresde (notre référence dans cette œuvre).

L'auditeur écoute donc un Bruckner de laboratoire, très esthétique, mais qui peut-être manque un peu de nerf et de puissance pour transcender la partition et ses faiblesses. Jochum à Dresde reste donc sur la plus haute marche du podium, suivi par les lectures de Chailly (Decca) et de l'inattendu Skrowaczewski (Œhms).

On espère quand même la suite des explorations bruckneriennes du chef et de ses musiciens géniaux, avec une symphonie n° 3 ou n° 4 ?

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