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Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris, déjà des pros !

Être soliste de l'Atelier Lyrique de l'Opéra National de Paris n'est pas rien. Il faut pour y parvenir des années de travail acharné, et des sacrifices sans nombre.

On est lors de ce concert abasourdi par la qualité d'ensemble de ces jeunes chanteurs, par leur maîtrise technique, et effrayé par la somme de ce qui leur reste encore à apprendre. C'est donc avec admiration que l'on se permettra quelques petites remarques, au regard du chemin qu'ils ont déjà parcouru.

Le programme permettait à chacun de montrer ses possibilités dans un grand air d'opéra de Rossini, de Mozart ou du répertoire français, tous se rejoignant pour le finale du dernier acte des Noces de Figaro.

Le moins que l'on puisse dire est qu'on assistait à une soirée de barytons ! Michal Partyka, phénoménal comte Almaviva, et , parfait Leporello et Figaro mozartien, confirment l'excellente impression qu'ils avaient laissée lors des représentations de Street scene. En voici deux qui sont fin prêts à entrer dans la carrière. Mais il faut compter sur le visible tempérament comique et le mordant de , impeccable Figaro rossinien, qui maîtrise le chant syllabique à grande vitesse mieux que certains titulaires confirmés du rôle. est un Zurga énergique et bien timbré, qui a cependant tendance à privilégier la diction sur le legato.

Déception en revanche du côté du ténor Manuel Nunez Camelino, voix étranglée et tirée, qui nous avait fait, dans Street scene toujours, bien meilleur effet. C'est également le cas de Zœ Nicolaidou, manifestement mal à l'aise, qui débite Illia et Susanna avec d'indéniables moyens, mais sans le moindre soupçon d'âme. C'est une preuve qu'il faut entendre tous ces jeunes chanteurs plusieurs fois avant de s'en faire une idée exacte, surtout si elle est mitigée.

Toutes les mezzo-contraltino ne sont pas idéalement faites pour Rossini : le démontre avec une Rosina et une Angelina à la vocalisation inadéquate, plus près de la glotte que du diaphragme, et un manque d'énergie flagrant, alors qu'elle dessine un adorable Cherubino. Plus proche des intentions du cygne de Pesaro, est dotée d'un fort joli timbre, et contrôle les terribles roulades d'Arsace et la virtuosité d'Isabella sans le moindre défaut, mais elle manque hélas de mordant, et prend sa respiration aux plus mauvais moments. est quant à elle un émouvant Mignon, irréprochable de charme et de diction.

On avoue un énorme coup de cœur pour la Manon de . Certes la prononciation est plus qu'approximative, mais la grâce, l'abattage, la joliesse du timbre, la luminosité des aigus, la compréhension intime du personnage font de la gavotte de Massenet le meilleur moment de la soirée. Elle n'est pas vraiment aidée par la direction de , qui se refuse au moindre alanguissement. C'est d'ailleurs le seul reproche qu'on adressera à l', parfait dans Mozart et Rossini, mais manquant véritablement du style de l'opéra français.

Pas aidée non plus par l'orchestre, la Salomé massenetienne d', dont on avait déjà remarqué la placidité interprétative. Son timbre, crémeux et luxurieux, ne demanderait qu'un tout petit coup de pouce orchestral pour se déployer dans toute sa sensualité.

Vivement le prochain concert de l'Atelier Lyrique !

Crédit photographique : © DR

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