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Clovis et qui ?

C'est la deuxième fois que et l' confient au disque la jolie cantate de Clovis et Clotilde, cette pièce qui valut au jeune compositeur son Prix de Rome en 1857. On retrouve avec plaisir cette page certes académique, largement influencée par Rossini et les belcantistes de la première moitié du dix-neuvième siècle, mais d'une grande facilité mélodique, habilement instrumentée et annonciatrice des grands succès à venir. La direction de Casadesus est beaucoup plus maîtrisée qu'en 1988, et l'orchestre a encore gagné en rondeur et en virtuosité.

Il est regrettable cependant que les solistes ne soient pas tout à fait à la hauteur de l'interprétation orchestrale. Ainsi, même si la soprano Katarina Jovanovic surclasse sans problème la Montserrat Caballé en bout de course de la première version, certains aigus durs et stridents, et surtout sa diction incompréhensible, déparent de façon irrémédiable des phrasés de belcantiste de toute beauté. Le baryton Mark Schnaible est doté d'une voix ample mais chevrotante, et il souffre lui aussi de graves problèmes de diction. À une époque où les bons chanteurs français sont légion, on s'interroge sur l'opportunité de distribuer dans ce genre de musique des chanteurs fâchés à ce point avec la langue de Molière. Fort heureusement, le ténor donne quelque clarté au texte de la cantate, et son chant ardent et viril annonce déjà les accents de Nadir.

Donné en complément de programme, le Te Deum composé lors du séjour Rome n'est pas du meilleur Bizet, dont l'écriture fuguée laisse quelque peu à désirer. Il permet néanmoins d'entendre de jolies parties solistes, qui confirment l'immense talent de mélodiste d'un tout jeune compositeur encore en quête de son style et de son écriture.

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