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Contre la défiguration du romantisme

Si une œuvre musicale est spécifiquement architecturée sur le beau son, les sentiments, l'émotionnel… pourquoi l'amputer sciemment et sauvagement de ses atours méticuleusement imaginés par son créateur ? Le du Concerto pour piano et orchestre n° 2 en do mineur avec son thème mélancolique prégnant dominant dans l'Adagio sostenuto tout comme la chaleureuse Rhapsodie sur un thème de Paganini avec sa sensuelle Variation n° 20 Andante cantabile méritent une restitution honnête et respectueuse de la volonté spécifique du compositeur russe. Ces deux partitions ultra-romantiques, généreuses, venues du cœur et s'adressant à lui, demeurent extrêmement populaires et méritent de le rester longtemps encore. Alors, à quoi bon dénaturer, en l'aseptisant, cette musique par essence véhémente, tendre et lascive ?  manque de maturité et de recul, jouant mécaniquement avec une technique excellente certes mais sans âme ni engagement décidé. Quant à l'Orchestre de chambre Mahler, il accentue le trait sous la baguette d'un chef renommé, , étrangement distant et lointain. Tentative inutile donc d'imposer une lecture où manque l'essentiel, à savoir l'âme et le sang du créateur. Il faudra donc retrouver avec délectation les grandes versions antérieures autrement authentiques de Rudy-Jansons (EMI), Grimaud-Abbado (DG), Grimaud-Ashkenazy (Teldec), Ashkenazy-Previn (Decca), Orozco-de Waert (Philips), Richter-Sanderlind (Vogue), Gavrilov-Muti (EMI)… pour n'en citer que trop peu. Puisque souvent abondance de biens nuît, réfugions-nous dans la sphère salvatrice de la loyauté et de l'humilité. Ces choix potentiels si gratifiants justifient le rejet de la lecture chroniquée.

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