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Splendide Rusalka à Glyndebourne

Depuis quelques années, le festival de Glyndebourne succombe à la mode des «produits dérivés». Pour le plus grand bonheur des collectionneurs et amateurs d'enregistrements historiques.

En effet, le prestigieux festival, réhabilité depuis 1934 par le chef allemand Fritz Busch, a marqué le monde de l'art lyrique de productions prestigieuses que le disque restituait d'abord sous le manteau et plus officiellement depuis quelques années. Des documents uniques dont nos lignes ont souvent vanté les mérites. Comme l'extraordinaire I Puritani de 1961 avec Joan Sutherland ou le formidable Idomeneo de 1964 avec le jeune Luciano Pavarotti en Idamante. Fort du succès de ces éditions, le festival a récemment décidé d'éditer aussi quelques-unes de ses productions récentes.

C'est le cas de cette Rusalka donnée en août 2009. On sait combien la soprano Renée Fleming a brillé dans ce rôle. Aussi, avant même d'écouter l'entier de l'opéra, la curiosité conduit l'amateur à se précipiter sur la fameuse Ode à la lune du premier acte. Juste pour comparer la Rusalka de Glyndebourne avec celle que nous a légué la soprano américaine ! Force est de reconnaître qu', peu connue de ce côté de la Manche, relève le défi de belle manière. La voix, puissante (certainement améliorée depuis sa prestation parisienne de Luisa Miller en février 2008), admirablement colorée, supporte aisément la comparaison. Mieux, il nous est apparu que l'attitude vocale de la soprano porto-ricaine dépasse largement en intensité dramatique ce que Renée Fleming apporte.

De leur côté, les autres protagonistes sont aussi admirables d'engagement. Ainsi, le ténor (Le Prince) possède une voix dont la noblesse du phrasé colle parfaitement à l'image de cet amoureux émerveillé. On retrouve la mezzo soprano (Jezibaba) dans le rôle où on avait pu l'applaudir dans la production de Rusalka au Teatro Regio en janvier 2007. Comme alors, elle s'investit dans un rôle qu'elle possède au-delà de la simple partition.

Autre composante plaidant certainement en faveur de la réussite de cet enregistrement, les quelques images de la production britannique laisse entrevoir des décors et des scènes d'une grande beauté esthétique. De quoi enchanter les protagonistes.

Dans la fosse, le s'enflamme sous la baguette d'un superbe qui, en grand spécialiste incontesté de la musique tchèque, dirige son orchestre avec maintes et maintes couleurs et subtiles variations d'intensité.

Jouissant d'une excellente prise de son, profitant du flegme britannique, tout l'opéra se déroule dans un silence respectueux, jamais interrompu par des applaudissements intempestifs à la fin de chaque air, ce n'est que lorsque les dernières notes s'évanouissent que le triomphe éclate. Un enregistrement que nous ne pouvons que recommander chaleureusement.

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