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Festival d’Auvers-sur-Oise : la résurrection du Pater Seraphicus

Du vivant de Gounod, sa musique sacrée était considérée comme le sommet de son œuvre. Aujourd'hui, en dehors de l'inévitable Ave Maria, cette vaste production a disparu du répertoire, et il faut bien une occasion romanesque pour qu'on en retrouve au programme : on avait perdu toute trace de ce petit oratorio créé en mars 1891 par la Société des concerts du Conservatoire, jusqu'au jour où le directeur du Festival d'Auvers-sur-Oise, Pascal Escande, découvrit l'existence de ce manuscrit. Sans que l'on comprenne exactement comment, certainement par legs, le document se trouve actuellement en possession de l'ordre des Sœurs de la Charité de Saint-Louis. Le matériel d'orchestre a été réalisé pour cette renaissance, à laquelle participait également . Le titulaire des orgues de Saint-Eustache ouvrait d'ailleurs le concert avec une de ses fameuses improvisations, exécutée sur la console qui permet de commander depuis la nef l'instrument dû à Van den Heuvel. Comme toujours, l'énergie bouillonne. Il donne également sa « version syncrétique » du Prélude et fugue sur le nom de BACH, qui condense, parmi les fusées et les grondements, les différentes versions pour orgue et pour piano qu'a laissées Liszt.

Les pièces de , plus connu comme chef de chœur de la Radio flamande, conviennent aux voix juvéniles de la . Le style ornementé d'Ego flos campi caresse l'oreille. Les Cantigas d'amigo font référence à l'un des genres les plus anciens de la poésie chantée portugaise et s'avèrent tout aussi efficaces. La Maîtrise était dirigée par son directeur musical, . Ce dernier, récemment victime d'une agression, n'a pas pu diriger le reste du programme qu'il avait préparé.

C'est donc , chef de l'orchestre Pelléas, qui conduisait les deux pièces principales du concert. Le Psaume de Liszt est d'un sentiment admirable : guidé par un chantre (le solide Tuomas Katajala), le chœur y gagne peu à peu l'assurance que son attente ne sera pas vaine. Pour ce qui est du Saint François de Gounod, sans relever du chef d'œuvre, il n'est pas dépourvu d'intérêt. Certes, on peut trouver au Christ du crucifix réconfortant le saint (une scène inspirée par un tableau de Murillo) des accents de Frère Laurent, voire de Méphisto au jardin. Quant aux anges qui célèbrent l'apothéose de Saint François (c'est le second tableau, un souvenir cette fois-ci de Giotto), ils grattouillent leurs harpes célestes de manière bien académique. Et pourtant il y a là, en plus d'une maîtrise souveraine, une naïveté séraphique vraiment appropriée au personnage, loin des pompeux oratorios de la période anglaise (Mors et vita ; Rédemption). Il faut donc remercier les ensembles, les solistes et les deux chefs pour leurs efforts et espérer qu'un enregistrement en conservera la mémoire.

Crédit photographique : © AFP / François Guillot

 

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