- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Un Götterdämmerung de studio en série économique

La série économique The Sony Opera House se complète ici du Götterdämmerung, dernière partie d'un Ring complet enregistré en studio pour Eurodisc par , les trois autres ouvrages n'étant pour le moment pas disponibles dans cette série. A l'époque de sa parution cette Tétralogie devait affronter les piliers du catalogue qu'étaient les versions de studio Solti-Decca, Karajan-DG, et aussi les lives officiels Böhm-Phillips (aujourd'hui réédité chez Decca), ou la vidéo du spectacle Boulez-Chéreau. S'ajouta peu après le Haitink-EMI (réédité depuis à mois de 50€) avec les forces du Bayerischen Rundfunks également en studio, sans compter les innombrables lives captés à Bayreuth ou ailleurs désormais disponibles. Difficile de se faire une place dans cette rude concurrence et à l'époque comme maintenant, le seul véritable atout de cette honnête mais un peu courte  version est la prestation du formidable Orchestre de la .

Car la distribution, comme celle de Bernard Haitink quelques années plus tard, était franchement dans le creux de la vague du chant wagnérien, qui, il faut le reconnaitre, à repris du poil de la bête depuis. Ainsi , la valeureuse et belle Sieglinde de l'époque Boulez-Chéreau, s'est muée en une Brünnhilde toujours valeureuse mais cette fois au-delà de ses moyens ce qui pénalisera les parties les plus dramatiques de sa prestation. Le Siegfried de est, toute proportion gardée, un de ceux qui s'en tirent le mieux dans son incarnation du personnage, même s'il souffrira de la comparaison avec les plus grands Siegfried du catalogue. On ne notera aucune incarnation mémorable de la part des autres protagonistes qui chantent leur rôle avec leur savoir faire et leurs moyens, mais une intensité souvent en deçà du drame wagnérien. Et comme souvent à cette époque, on se rattrape avec les Filles du Rhin (principalement Lucia Popp, mais aussi Uta Priew et Anna Schwarz) et un degré moindre avec les trois Nornes, rôles qui ont de tout temps posé moins de problème de gabarit vocal.

Reste donc l'orchestre pour se faire plaisir, mais ne rêvons pas, on ne grimpera pas au nues pour autant car la direction de , toute rigoureuse et respectueuse qu'elle soit, ne met pas vraiment le feu à la fosse, se montre un peu sèche et parfois brutale. On y retrouve néanmoins un orchestre capable de couleurs et d'équilibres frisant la perfection, de passer de la douceur à la puissance avec une souplesse unique. C'est au final un peu juste pour recommander cette version, même à son nouveau prix, face à la concurrence. Tout juste peut-on rêver qu'on donne à la sublime une nouvelle occasion de montrer son savoir faire wagnérien avec une distribution et une flamme plus adéquates.

(Visited 342 times, 1 visits today)