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Le Brahms conquérant d’Heinrich Schiff

Le festival insulaire et bavarois d'Herrenchiemsee, toujours dirigé par Enoch zu Guttenberg, rend, cette année, hommage à Louis II de Bavière, le constructeur du château où se tient une partie du festival. L'affiche, qui mélange les genres, a pour titre principal : « retour vers le futur ». L'idée est de mettre en avant, à travers les époques, l'aller et retour entre des influences tirées du passé et des poussées modernistes tout en rendant hommage au célèbre roi wagnérien.

Ce concert Haydn/Brahms mettait ces deux compositeurs en avant et tissait un trait commun avec les Variations sur un thème de Haydn de Brahms.

Légende vivante du violoncelle, l'Allemand se plait à abandonner son archet pour la baguette. À cette occasion Enoch zu Guttenberg lui prêtait son orchestre le KlangVerwaltung. Dans les Variations sur un thème de Haydn, le chef peinait à entrer dans la pièce privilégiant un ton bourru qui manquait de finesse, tel un Brahms bedonnant qui s'était trop enivré dans des cafés enfumés et sales des faubourgs. Soliste de l'orchestre, le trompettiste Florian Berger, offrait le célèbre Concerto de Haydn. On sent le musicien un peu tendu et en retenue dans le premier mouvement même si le son est clair et la technique assurée. Il faut attendre la fin de ce mouvement et ses difficultés techniques maîtrisées pour observer le soliste gagner en confiance. Les deux autres mouvements sont absolument exemplaires. Retrouvant un répertoire où il est très à son aise, l'orchestre pulse et virevolte dans un festival de couleurs.

La Symphonie n°4 de Brahms fut l'apothéose de ce concert. A la tête d'un orchestre allégé, Schiff impose un Brahms rapide, fier et nerveux. Le ton est juvénile et séduisant tandis que l'orchestre, jouant sans vibrato, prend ses aises. L'ensemble avance avec une logique inexorable, conquérante et virtuose. Ceux qui cherchaient un Brahms nostalgique et automnal en étaient pour leurs frais ! Mais cette lecture primesautière et jubilatoire ne pouvait que séduire.

Il faut, outre la performance du chef, saluer l'engagement des musiciens qui se donnent à fond avec un enthousiasme que l'on retrouve, sur scène, que trop rarement !

Crédit photographique : Franz-Josef Fischer

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