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Florent Schmitt, la révélation par Vincent Larderet

L'heure de serait-elle en train de venir ? Après des années de vaches maigres discographiques, on observe un nouvel intérêt pour ce compositeur dont la postérité souffre toujours de son attitude critiquable dans les années 1930 et pendant l'Occupation. Venant après une lecture enthousiasmante de quelques-unes de ses œuvres symphoniques chez Chandos, ce disque pianistique attire toutes les attentions et affirme un jeune pianiste français avec qui il faudra compter : .

Le programme est choisi avec intelligence et offre même, en première mondiale, une lecture purement pianistique de la transcription de la Tragédie de Salomé, le « tube » de . Cette version est l'œuvre du compositeur lui-même et fut publiée, tout comme l'original orchestral, par les éditions Durand, en 1914. Le complément de programme s'articule autour du cycle Ombres et des deux Mirages. Comparé au Gaspard de la nuit ravélien, à cause des exigences techniques de sa première partie, le triptyque Ombres est une libre interprétation de sources littéraires pour les première et troisième parties et d'inspiration spontanée de souvenirs méditerranéens pour la « Mauresque » centrale. Composés à l'orée des années 1920, les Mirages, plongent dans les sortilèges de la musique française : un piano colorée, chatoyant et toujours d'une élégance racée.

Pour transcender la difficulté de ces partitions (la transcription de la Tragédie est un sacré tour de force), il faut toute la compétence pianistique et la hauteur de vue de . Elève de Carlos Cebro (lui-même disciple de Vlado Perlemuter), il a appris à la bonne école le respect et le style de cette musique. Si ces lectures des Ombres et des Mirages sont des modèles d'inspiration et de rigueur, c'est par la Tragédie de Salomé qu'il marque l'auditeur. Sa maîtrise technique lui permet de faire sonner son instrument avec la force d'un orchestre, tantôt séducteur, tantôt noir et dramatique; le tout avec une palette de couleurs exactement orientalisante.

On tient donc un disque de référence qui efface la très modeste concurrence dans le Ombres (Laurent Wagschal pour Saphir et Werner Bärtschi chez Accord). Dans Mirages, les collectionneurs chercheront la lecture de John Ogdon pour EMI (beau disque complètement oublié avec les Sonates de Dukas et de Dutilleux).

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