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Britten, un rêve at tea time

Dans la continuité d'un projet visant à redécouvrir un répertoire un peu oublié ou mis de côté de celui que l'on considère outre manche comme le plus grand compositeur anglais avec Purcell, le duo Chandos/ nous propose ce deuxième disque dédié à Britten. Le premier, sorti au printemps et contenant une lecture des plus enthousiasmantes des Quatre interludes marins, avait été plébiscité dans nos colonnes recevant même une clé ResMusica pour la qualité de sa programmation, du son et de l'interprétation. L'attente est donc forte dans ce deuxième opus impliquant autour de la baguette affutée de Gardner et du , la mezzo-soprano et l'altiste . Une affaire presque typiquement anglaise donc pour présenter une programmation de quelques oeuvres de musique de chambre dont la cantate dramatique Phaedra op.93 et le Lachrymae op. 48a sont les deux piliers.

Phaedra concentre l'intensité dramatique de la tragédie classique de Racine, en une cantate de courte durée (15 minutes environ) sur le modèle des cantates baroques italiennes de Haendel. Il nous reste en mémoire l'intense et émouvante interprétation de Dame Janet Baker pour laquelle elle fut écrite spécifiquement en 1976. Habituée de la scène internationale et rodée à un vaste répertoire, la mezzo-soprano en donne une interprétation très convaincante épaulée par la lecture toute en finesse et en relief de Gardner. Dans un tout autre domaine, l'oeuvre la plus substantielle pour alto écrite par Britten est certainement son Lachrymae op 48, ensemble de varations ou de « réflexions » pour alto et piano sur l'air de Dowland « If my complaints could passions move ». Composé en 1950 à l'intention du virtuose écossais William Primrose, Britten reprend l'oeuvre en 1976 pour produire une version pour alto et petit orchestre à cordes opus 48a ici exposé. Dans cette oeuvre très sensible ou les moments de tension contenus alternent avec des passages de plus grande sérénité, l'alto de ne vacille jamais, fait corps avec l'orchestre    pour lui assurer un dialogue de grande tenue. La qualité de l'ensemble s'exprime à merveille dans le lent et pressant crescendo précédant l'imperceptible retour à l'air original de Dowland.

A côté de ces deux piliers du répertoire de , A charm of Lullabies, les Two Portraits et la Synfonietta op.1 assurent le liant plus en légèreté de cette programmation élégante et raffinée. Comme une invitation à un Tea Time d'excellence en compagnie du plus grand compositeur anglais du Xxe siècle, ce deuxième opus Chandos consacré à Britten s'apprécie de manière onirique dans la fraicheur un peu grise de notre fin d'été où nos jardins auront presque atteint la verdeur des gazons anglais. Sachons en profiter et parfaire notre redécouverte du répertoire de Britten en compagnie d'un duo Chandos/Gardner décidément bien inspiré.

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