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Atys, cuvée 2011 : thank you Mr. Stanton

Après Didon et Enée, L'Amant jaloux et Carmen, c'est au tour de la production emblématique d'Atys de faire l'objet d'une publication en DVD sous l'étiquette de l'Opéra Comique.

Cette tragédie de Lully en un prologue et cinq actes sur un livret de Philippe Quinault (la quatrième collaboration entre les deux hommes) fut créée le 10 janvier 1676 à Saint-Germain-en-Laye. L'œuvre connut un grand succès à l'époque, fut reprise, puis sombra dans l'oubli durant plus de deux siècles. C'est le prétexte du tricentenaire de la mort du compositeur (1987) qui permit la renaissance de l'ouvrage au XXe siècle. Montée à Florence en décembre 1986, puis à Paris et en province (1987) par le trio (direction musicale), Jean-Marie Villégier (mise en scène) et Francine Lancelot (chorégraphie), elle marqua une étape dans la redécouverte du répertoire baroque en France (et plus particulièrement de la tragédie lyrique à la française), mais aussi beaucoup dans le développement des « Arts Flo ». Enregistrée au disque pour Harmonia Mundi, diffusée à la télévision (FR3), reprise en 1989 (notamment à la Brooklyn Academy of Music, à New York), puis en 1992, cette production devenue légendaire pu renaître en 2011 grâce à l'homme d'affaire et mécène américain Ronald P. Stanton, tombé sous le charme du spectacle lors de sa création et souhaitant revoir Atys avant de mourir. À l'heure où le mécénat culturel connaît une forte baisse en France, un acte de philanthropie qui devrait faire méditer.

Pour cette recréation (qui a également tourné en dehors de Paris), il a fallu refaire les décors (Carlo Tommasi) et une partie des costumes (), la distribution a été renouvelée (excepté les « vétérans » , en Célénus et Bernard Deletré, interprétant le Temps dans le Prologue, et le dieu du fleuve Sangar) et peu de musiciens des Arts Florissants jouant dans la fosse en 2011 s'y trouvaient déjà en 1987. a repris la chorégraphie de Francine Lancelot (décédée en 2003) dont elle fut l'assistante dans la production d'origine. On retrouve par ailleurs la mise en scène de Jean-Marie Villégier et son parti pris situant l'action dans un décor unique, des Grands Appartements à la cour d'un Louis XIV en fin de règne, d'où cette sobriété, austérité qui s'accorde bien au ton de la tragédie, et naturellement la direction musicale de . On ne louera jamais assez la beauté des décors, des costumes, l'harmonie du chant et de la danse, le travail sur le verbe, la langue, mais également sur le geste engendrant un spectacle fort raffiné et poignant. Comme en 1987, a retenu une distribution constituée essentiellement de jeunes chanteurs. Les solistes de 2011 viennent pour partie du Jardin des Voix, l'académie créée par en 2002 (, , les seconds rôles), ou bien ont été repérés par Christie (Stéphanie d'Oustrac, …). On trouve également des fidèles parmi les fidèles (…). Tous font bonne impression, avec une mention particulière pour Stéphanie d'Oustrac, impériale et terrifiante en Cybèle, la déesse jalouse. Dans le rôle de Sangaride, la sensibilité et le charme d' opèrent. Les duos avec le ténor , Atys dans cette reprise, sont par ailleurs très touchants.

Même si les gros plans ne sont pas toujours des plus flatteurs pour les chanteurs (la célèbre scène du Sommeil, au milieu du troisième acte par exemple), la réalisation de François Roussillon rend pleinement justice à ce spectacle qui, en DVD (avec de généreux suppléments), est amené à connaître une belle réussite commerciale.

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