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Radio bavaroise : manque de flamme

Une fois de plus, la Radio bavaroise n'a pas de chance avec ses têtes d'affiche : cette fois, c'est de Riccardo Chailly, qui devait diriger deux programmes deux semaines de suite que l'orchestre doit se passer pour cause de maladie. Pour ce premier concert, le remplaçant est , dont la prestation n'est pas indigne de l'orchestre, sans pour autant consoler de l'absence de Chailly.

La nuit transfigurée qui ouvre le concert n'est pas la plus difficile des œuvres de Schoenberg, et il n'est pas difficile non plus de tirer des cordes de l'Orchestre de la Radio bavaroise les miracles de transparence dont elles sont coutumières : n'y manquent qu'un peu du rayonnement nocturne auquel on peut s'attendre dans cette œuvre.

La direction du Chant de la terre laisse plus sceptique, ne serait-ce que parce qu'elle ne parvient qu'exceptionnellement à amener l'orchestre à son meilleur niveau. Les solos des vents apparaissent ainsi trop souvent comme détachés de l'orchestre, avec de fréquent problèmes de dynamique qui font qu'on n'entend souvent qu'eux. On sent pourtant le soin méticuleux du chef dans le soin qu'il prend à chacun des éléments de l'alchimie sonore mahlérienne, mais l'attention au détail ne suffit pas si elle conduit à négliger de poser les grands équilibres sonores et de construire les progressions.

L'affiche vocale prestigieuse ne peut elle non plus susciter un plein enthousiasme. se tire convenablement des trois Lieder qui lui sont impartis : on sent parfois un peu l'effort quand il s'agit d'affronter l'orchestre, mais les problèmes vocaux qui ont entaché tant de ses prestations depuis quelques années ne se laissent qu'à peine deviner. Christianne Stotijn s'est fait une belle réputation comme interprète de ce répertoire, et on aurait aimé se laisser convaincre. Mais son interprétation manque de flamme et surtout de variété, de nuances, la diction est trop appliquée pour servir d'appui à ce sens du mot qui fait les grands Liedersänger, et la technique, enfin, laisse également sceptique : que faire d'une voix dont les registres sont si peu unis, où la moindre descente dans le grave paraît périlleuse, où on sent constamment l'effort ?

Crédit photographique : © Z. Chrapek

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