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Paavo Järvi dirige Fauré

Requiem… S'il est vrai qu'il est associé à la mort, ce mot vient du latin « requies » signifiant repos. Fauré devait bien l'entendre ainsi, lui qui écrivait : « voilà si longtemps que j'accompagne à l'orgue des services d'enterrement ! J'en ai par-dessus la tête. J'ai voulu faire autre chose ». Loin des couleurs sombres du classicisme ou de la violence du romantisme, le compositeur a choisi douceur et pureté musicales avec un petit effectif : chœur et orchestre réduit. Au fil des ans, il a réécrit, ajouté, modifié son œuvre jusqu'à une version de concert. Mais en se gardant du terrible Dies irae, juste esquissé au cours du Libera me.

Dans cette version, a réussi à concilier grand effectif et délicate douceur, dans un contexte moins maîtrisable : celui d'un concert (salle Pleyel à Paris).

L'introït s'ouvre dans une belle sérénité, presque mystérieux. L'atmosphère est créée. C'est « l'autre chose » de Fauré. L'exposition des ténors est expressive, claire. propose l'Hostias dans les mêmes couleurs, avec juste ce qu'il faut de vibrato. Prenant.

Dans le Sanctus, le chœur est un peu en arrière plan et laisse la harpe s'exprimer. Les ténors proclament Hosannah in excelsis puis, très vite, retrouvent l'ensemble du chœur dans la douceur initiale.

Le Pie Jesu, emblématique de l'œuvre, est chanté par dans un registre de sopraniste. On connaît son goût pour la mélodie française. Il n'est, donc, pas surprenant de le retrouver chez Fauré. Est-il à sa place ? Oui. Et pas seulement pour des raisons marketing. La sensibilité qu'on lui connaît participe tout à fait de l'atmosphère de l'œuvre et de son interprétation. Ses tenues sont superbes. Un seul (petit) bémol : la voix manque un peu de rondeur.

Les ténors sont allants dans l'Agnus Dei et les sopranos font monter l'émotion dans le Lux aeterna. Une belle démonstration du chœur, préparé par Stephen Betteridge. , dans le Libera me, exprime, à la fois, la peur et l'espérance. Enfin, les sopranos nous donne envie de les rejoindre In Paradisum !

Voilà une version, certes, très différente de celle de Michel Corboz enregistrée en 1972, interprétation de référence, avec la voix de soprano d'Alain Clément, devenu depuis… baryton.

, ses chanteurs et musiciens de l' donnent de ce Requiem une vision d'une très grande intensité. Beaucoup de nuances, beaucoup de sentiments sans larmoiement. Délicatesse, expressivité mais surtout respect et honnêteté vis-à-vis des intentions de . « L'autre chose » est bien là.

En complément de programme, figurent Le cantique de Jean Racine, la Pavane et Super flumina Babylonis. Toutes ces pièces sont chantées avec les mêmes qualités musicales.

Un dernier mot sur la belle prestation d'Eric Picard dans l'Élégie.

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