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James Ehnes joue Bartók : l’imagination au pouvoir

À côté des quatuors à cordes, la musique pour violon (avec ou sans piano) est l'autre pan important du corpus chambriste de .

André Gertler, ami et disciple du compositeur, en a signé un enregistrement faisant toujours figure de « référence » (Supraphon) –malgré un son un peu « maigre ». En deux disques séparés, (avec pour les Sonates et Peter Frankl pour les Rhapsodies) a proposé une version plus immédiatement séduisante qui apparaît comme plus abordable pour une première approche –et qui ravira également les connaisseurs (Praga Digitals). Après un récent enregistrement consacré aux concertos du maître hongrois, James Ehnes revient à Bartók et livre à son tour un premier volume passionnant.

Si l'on peut discuter longtemps de la pertinence de tous les choix du pianiste , il apparaît immédiatement que le Canadien manie l'archet avec une intelligence remarquable et une musicalité à toute épreuve. Dès la Rhapsodie n°1, on comprend que le chromatisme mélodique prendra le pas sur la dissonance harmonique –deux composantes importantes de la musique folklorique qui inspira tant le compositeur. De toute son élégance et grâce à son jeu racé, Ehnes évite ainsi toute faute de goût. Le violoniste préfère les changements subtils d'éclairage au martèlement d'un même clou et fait preuve de beaucoup d'imagination dans les phrasés. On est souvent loin des campagnes de Hongrie, de Roumanie (voire d'Ukraine) que certains aimeraient retrouver ici mais d'un bout à l'autre de son récital, le violoniste captive l'auditeur et ne le lâche pas.

Le généreux programme de 80 minutes inclut deux fins alternatives de la deuxième partie de la Rhapsodie n°1 ainsi qu'un Andante de jeunesse, pièce salonnarde que l'on reçoit comme un document intéressant plutôt que comme un chef-d'œuvre. Un excellent disque de bonne augure pour le volume II.

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