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Veuve joyeuse, maris cocus !

Des décors modernes avec une touche de faste, une mise en scène pétillante, des chorégraphies souvent acrobatiques et un orchestre absolument entrainant ont transformé l'Opéra Garnier en une sorte de cabaret d'antan. L'opérette de Lehár, absente de la scène parisienne depuis une quinzaine d'années, s'est faite porteur de bonheur, légèreté et ironie malgré un début peu enthousiasmant probablement dû à l'absence de Susan Graham.

Le deuxième acte est sans doute le plus réussi avec ses nombreuses danses dont un remarque un kolo original, la valse sensuelle cheek to cheek de Danilo et Hanna et le can can « Voilà ce qui est chic ». Pour en finir avec la marche « Femmes, femmes, femmes » interprétée par un septuor d'hommes en style « California dream men » qui insuffle dans le public une véritable charge de bonheur. Si le troisième acte n'excelle pas par son élégance (les grisettes et les ballerines rappellent de près l'atmosphère Folies Bergères), le final pyrotechnique avec des diables qui inexplicablement descendent du ciel, est au contraire fort envoutant. Surtout pour l'habilité des danseurs : suite de pirouettes, de tours en l'air, de jetés collectifs et les acrobaties d'un excellent premier danseur autant souple qu'agile emportent le public. La fête triomphe !

Sur scène, est le personnage le plus charismatique qui allie une grande verve d'acteur à une voix de baryton passionnée. Ironique, macho, suffisamment romantique, il est parfait avec son physique du rôle et très convaincant d'un point de vue vocal. Également décisif qui incarne un Rosillon romantique et malin. La romance charmante « Vois ce petit pavillon » qu'il dédie à Valencienne (acte II) est soutenue par une voix chaude et riche en harmoniques. Appelée à la dernière minute à remplacer Susan Graham souffrante, n'est pas à la hauteur du rôle-titre. Sa silhouette élégante, valorisée par une belle robe noire, ne lui vaut pas une allure suffisamment séduisante. On peine à entendre sa voix car souvent dépassée par l'orchestre.. La chanson languide de Vilja (en début de l'acte II) est probablement son moment le plus réussi mais là aussi on s'aperçoit de l'effort qu'elle fait pour trouver une ampleur vocale adéquate. Beaucoup plus présente vocalement qui joue une Valencienne très coquine et le baryton , un Kromow fort ironique.

L'orchestre, avec ses violons « qui ensorcellent » et les rythmes rapides, fait bien sa partie. anime la « bande-sonore » d'une société parfois bruiteuse et grossière mais il est un peu trop énergique dans certaines passages. Ainsi la musique ne valorise pas toujours les personnages sur scène. Un exemple en est la chanson des grisettes (acte III) où les voix de Valencienne et des six  chanteuses sont dépassées par l'accompagnement !

Crédit photographique : (Valencienne) et (Camille) © Opéra national de Paris / Julien Benhamou

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