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Le Sacre d’Iván Fischer

Salué à de très nombreuses reprises pour ses résultats artistiques mirobolants, le tandem artistique composé d' et de son affronte le Sacre du printemps (dans sa version originale de 1913 et pas, comme souvent, dans la version révisée de 1947 qui divise les pupitres de vents). Le résultat est conforme à nos attentes : exceptionnel. À la tête d'un orchestre virtuose dans ses dynamiques et dans ses interventions solistes, Fischer réussit à synthétiser la pugnacité et la lisibilité des pupitres. Son Sacre avance à bon rythme et met en valeur toutes les strates de la structure harmonique et rythmique. Les puristes regretteront peut être la rage d'un Salonen (DGG plus que Sony), mais la beauté des pupitres de l' mérite une direction un tant soit peu analytique. Cette lecture du Sacre est, avec celle de Mariss Jansons à Amsterdam (RCO), l'une des meilleures des années 2000-2010. On n'en n'oublie pas pour autant les grandes lectures fondamentales de : Karajan (DGG), Svetlanov (Melodiya), Maazel (Decca), Markevitch (Testament), Dorati (Mercury), Tilson-Thomas (DGG et RCA) ou Ozawa (RCA).

Après une telle lecture, on attendait beaucoup de la suite de L'Oiseau de feu. Hélas, le chef se prend les pieds dans le tapis d'une interprétation en épisodes. traite les morceaux comme des mini-poèmes symphoniques sans logiques. En dépit de la prestation magistrale de l'orchestre (quels vents dans la « berceuse » !), on reste sur sa faim.  Dans la même optique Jansons à Amsterdam parvenait à garder un semblant d'unité à cette suite. Quant au mélomane, il enrage de ne pas avoir la lecture du ballet intégral par Fischer et ses troupes.

Afin d'augmenter le minutage, le chef offre deux miniatures : le pétulant Scherzo à la russe et le désopilant Tango. Ces deux miniatures sont traitées avec ce qu'il faut de cocktail d'énergie et de précision.

Les hifistes émérites pourront se satisfaire d'une prise de son démonstrative qui fait pulser les dynamiques, les fans du chef seront, quant à eux, satisfaits de l'un des meilleurs Sacre actuels, mais le mélomane restera un peu sur sa faim à cause d'une suite de L'Oiseau de feu assez décevante par rapport au potentiel infini de tels artistes.

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