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Apollo et Hyacinthus, premier opéra du jeune Mozart

Il serait vain de prétendre que cet ouvrage, le fruit d'un jeune compositeur âgé d'à peine onze ans, est un chef-d'œuvre absolu.

On n'en reste pas moins bouche bée devant la maîtrise dont fait preuve le jeune garnement dans le traitement des conventions, devant la facilité de son écriture vocale et instrumentale, pour ne rien dire de ses inépuisables réserves d'imagination musicale. À cet égard, on appréciera tout particulièrement le délicieux duetto « Natus cadit, atque Deus », petit bijou d'invention mélodique qui annonce déjà les grands ouvrages à venir. D'autres compositeurs de renom, en pleine maturité, n'ont pas approché un tel état de grâce. Si vous voulez découvrir le premier véritable opéra du jeune Mozart – l'oratorio Die Schuldigkeit des ersten Gebots, n'ayant pas été conçu comme une œuvre scénique, ne pas vraiment compter… –, précipitez-vous sans retenue sur ce remarquable album qui vous enseignera en plus comment on occupait autrefois, à Salzbourg, les jeunes élèves des collèges de Dominicains. D'autres temps, d'autres mœurs !

L'atout principal de cette nouvelle version réside assurément dans la direction efficace et éminemment théâtrale de , de loin supérieure aux exercices de style d'un Leopold Hager, par exemple. La distribution ne contient aucun point faible, même si des mozartiens plus confirmés (Arleen Augér, , Anthony Rolfe Johnson…) ont de par leur passé confié leur interprétation au disque. Des deux sopranos, on préfèrera ainsi le timbre plus charnu de , l'instrument relativement terne de Sophie Bevan convenant sans doute davantage au personnage moins incarné du jeune Hyacinthe. Parmi les deux contreténors en lice, la surprise viendrait plutôt de l'excellent en Zéphir, le plus expérimenté montrant quelques signes de fatigue en Apollon. La distribution est de toute façon dominée par l'excellent ténor d', véritable mozartien qui brille tout particulièrement dans le rôle virtuose du roi Oebalus.

L'orchestre de Classical Opera confirme l'excellente impression déjà laissée par leur récent enregistrement de l'opéra injustement négligé de , Artaxerxes. Il s'agit décidément d'un ensemble dont on attend beaucoup de belles choses pour les années à venir, en espérant que les choix de répertoire nous feront découvrir tout le vaste pan de la production d'opéras anglais (Thomas Linley, William Shield, Stephen Storace) outrageusement oublié par le disque et les programmateurs de concert.

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